«Tout le monde la respectait». C'est par cette phrase que ce jeune homme de trente-quatre ans a commencé son témoignage devant le juge qui préside l'audience de ce dernier jour du mois d'août à la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Elle était sa voisine qui jouissait d'une bonne réputation surtout qu'elle sortait de chez elle le matin pour n'y retourner que le soir au point qu'elle n'avait pas le temps à partager la moindre minute avec ses voisines. Une employée qui s'occupait de son emploi et son foyer, ni plus ni moins. «Dès qu'elle a été licenciée, elle a commencé à entretenir des relations avec les voisines», a précisé l'une de ses voisines qu'elle a mises dans son panier tout en ajoutant : «Depuis, elle nous a appris qu'elle entretenait des relations avec des personnes bien placées dans l'Administration». La mise en cause, âgée de cinquante-deux ans, mère de trois enfants, rejetait tout au long de l'examen de son dossier les accusations d'escroquerie que lui a attribuée le procureur du Roi. Devant ce dernier, elle avait également nié avoir plumé les plaignants qui l'accusaient de leur avoir promis monts et merveilles contre des sommes allant de vingt à cinquante mille dirhams. Au contraire, le procès-verbal dressé par les enquêteurs de la police judiciaire a souligné que cette femme avait filouté une douzaine de personnes en leur promettant des contrats de travail en Europe ou dans les pays du Golfe et de les embaucher dans les rangs de la police ou encore d'aider les détenus qui purgeaient des peines d'emprisonnement à bénéficier de la grâce royale. La liste des promesses était longue, mais rien de cela n'était réalisé une fois l'argent empoché. «Je ne sais pas pourquoi ils veulent me jeter en prison», s'interrogeait-elle devant le juge qui lui répondait que ses victimes n'avaient rien à gagner en l'accusant tout en lui rappelant qu'elle avait signé avec eux des reconnaissances de dettes. Et pourtant, elle a continué à se disculper. Verdict : Jugée coupable pour escroquerie, cette quinquagénaire a été condamnée à deux ans de prison ferme.