Dans le discours du Trône, Sa Majesté le Roi a précisé sept grands chantiers auxquels le Maroc devra consacrer ses efforts durant les cinq prochaines années. Le discours du Trône prononcé par SM le Roi Mohammed VI à l'occasion du cinquième anniversaire de son intronisation est incontestablement un document solennel qui trace les grandes lignes de la feuille de route que le Royaume devra suivre dans les prochaines cinq années, afin de poursuivre la construction du Maroc moderne développé et prospère. Le discours royal, qui rompt avec la tradition qui faisait de lui un bilan des réalisations de l'année passée, a mis en relief les défis que le Maroc devra relever afin d'être au diapason des mutations que le monde connaîtra à la fin de la décennie en cours. Dans cette perspective, SM le Roi a défini sept grands chantiers sur lesquels les Marocains sont appelés à se mobiliser et dont la concrétisation dépasse le cadre de l'échéance des législatives ou du mandat du gouvernement et s'inscrit dans un projet global qui définit la stratégie intégrale de l'édification du Maroc moderne. Ainsi, le Souverain a précisé que les sept chantiers prioritaires du Royaume sont la résolution définitive de la question du Sahara, le renforcement et l'accélération de la transition démocratique, l'ancrage de la citoyenneté engagée, l'adoption d'un nouveau contrat social, le développement rural, la modernisation du système économique et l'affermissement de la position du Maroc aux niveaux régional et international. Les sept grands chantiers définis par SM le Roi s'inscrivent dans la continuité de la politique menée par le Souverain visant à la fois à consolider les acquis en matière de construction d'un Etat de droit fort démocratiquement et économiquement. Le chef de l'Etat a toutefois précisé une échéance à la concrétisation de ces grands projets. Il s'agit de l'année 2010 à l'horizon de laquelle le Maroc devra avoir parcouru tout le chemin et relevé avec succès tous les défis. S'agissant de la question de l'intégrité territoriale, SM le Roi a insisté sur l'attachement du Royaume à sa souveraineté sur ses provinces du Sud et a indiqué que "la première des priorités pour le Maroc demeurera l'aboutissement à une solution politique définitive et mutuellement acceptable au conflit artificiel créé autour de la question de notre Sahara". Pour ce faire, SM le Roi a réitéré la prédisposition du Maroc à œuvrer avec les Nations unies et les partenaires du Royaume afin de parvenir à une solution définitive qui respecte la souveraineté du Maroc sur ses provinces sahariennes. En ce qui concerne la transition démocratique, SM le Roi a insisté sur l'irréversibilité du choix démocratique, mais a mis en relief le fait que " la réussite de toute réforme est tributaire de la mise à niveau des institutions et des acteurs concernés". Le Souverain a ainsi souligné la nécessité de se pencher sur l'élaboration d'une loi sur les partis politiques afin de leur permettre de remplir pleinement leur mission constitutionnelle de représentation et d'encadrement des citoyens, et de formation d'élites capables de participer aux institutions démocratiques et de servir l'intérêt général. "Nous sommes, à cet effet, déterminé à renforcer les formations politiques et à réhabiliter l'action partisane sérieuse, de manière à permettre l'émergence d'un paysage politique fondé sur de puissants pôles aux visions différenciées et claires", a dit SM le Roi. Par la même occasion, le Souverain a appelé les formations politiques à assumer leurs responsabilités pour "faire des élections de 2007 un véritable tournant, donnant ainsi une forte impulsion qualitative au processus démocratique en cours, pour l'avènement d'un nouveau paysage politique, avec une majorité homogène et une opposition constructive, qui rivalisent et alternent selon le verdict des urnes". Une alternance qui doit se faire "grâce à des élites en phase avec leur époque, qui ne se définissent pas selon des idéologies de gauche ou de droite, mais plutôt en termes de bonne gouvernance de la chose publique, véritable épreuve à l'aune de laquelle se mesurent la noblesse et la pertinence de l'action politique". Dans le même contexte, SM le Roi a tenu à trancher sur la question de la relation entre la religion et la politique précisant qu'"une nette séparation doit être faite entre le religieux et le politique, eu égard à la sacralité des dogmes véhiculés par la religion, et qui doivent, de ce fait, être à l'abri de toute discorde ou dissension, d'où la nécessité de parer à toute instrumentalisation de la religion à des fins politiques". Le Souverain a souligné que "sous la Monarchie constitutionnelle marocaine, religion et politique ne sont réunies qu'au niveau de la personne du Roi, Commandeur des croyants". Et comme une démocratie ne peut se consolider sans un champ médiatique moderne et développé, le Souverain a mis l'accent sur la nécessité d'impulser le parachèvement de la réforme du champ médiatique. "À cet égard, Nous attendons du gouvernement qu'il favorise l'émergence d'entreprises de médias professionnels, libres et crédibles", a indiqué le Souverain. "Il devra également permettre à la presse écrite de se doter, en concertation avec les différents acteurs concernés et dans un cadre contractuel, d'un Ordre professionnel qui tiendrait lieu d'organe de représentation et de régulation, et qui veillerait au respect de la déontologie de la profession, afin de la prémunir contre toute pratique susceptible de porter atteinte à la noblesse de sa mission", a précisé le Souverain. Par ailleurs, SM le Roi annoncé la décision de mettre en place le Conseil supérieur de l'enseignement. Une institution constitutionnelle qui doit "servir de force de proposition et d'outil permanent et objectif d'évaluation de la réforme soutenue et profonde du système éducatif". Enfin, SM le Roi a mis l'accent sur la mise à niveau de l'économie qui inclut le développement du monde rural et la réforme de l'agriculture. Un développement économique ne peut réussir sans un climat social favorable. "C'est pour cela que Nous lançons un appel pour un nouveau contrat social, qui soit le fruit de concertations et d'accords entre le gouvernement et les partenaires sociaux", a annoncé le Souverain appelant ainsi à l'élaboration d'un pacte social comportant un engagement à observer une paix sociale. Ce qui permettrait de promouvoir l'investissement et la création d'emplois. Ainsi, le discours de SM le Roi est une feuille de route qui définit les objectifs que le Maroc devra atteindre durant les cinq années à venir afin de consolider les acquis et d'accélérer la construction d'un Etat capable de faire face aux nouveaux défis qui s'imposent dans un monde marqué par des mutations rapides et décisives.