De plus en plus contesté à la tête de la Fédération royale marocaine de tennis (FRMT), Mohamed M'jid dévoile les contours de la participation du tennis national aux J.O. Pour lui, les problèmes de cette discipline sont ceux du sport national. ALM : Comment se présente la participation marocaine au tournoi de tennis des Jeux Olympiques d'Athènes ? Mohamed M'jid : Lors des Jeux Olympiques d'Athènes qui débuteront le 13 août prochain, le Maroc sera représenté par deux joueurs : Younès El Aynaoui et Hicham Arazi. Ce sont les deux joueurs de tennis les mieux placés sur le classement mondial. Les Jeux Olympiques sont, avec la Coupe du monde de football, les deux plus grands rendez-vous sportifs de la planète. Si un tournoi de Grand Chelem totalise quelque deux milliards de téléspectateurs, ces deux événements réussissent l'exploit de réunir plus d'une quarantaine de milliards de téléspectateurs en audience cumulée. D'où leur importance sur les plans sportif, économique, social et aussi politique. Il est clair que chaque nation y participe avec ses meilleurs éléments. Et c'est le cas pour le Maroc qui y prendra par avec les sportifs les plus en vue actuellement sur la scène nationale et internationale. Sur quels critères vous êtes-vous basés pour choisir les représentants du tennis national dans cette compétition ? Ce n'est ni la Fédération royale marocaine de tennis ni le Comité national olympique marocain qui ont choisi Hicham Arazi et Younès El Aynaoui pour la participation aux Jeux Olympiques. Le choix a été fait par le Comité olympique de la Fédération internationale de tennis (ITF) qui s'est basé sur le classement des différents joueurs de tennis pour établir la liste des participants aux Jeux Olympiques. Le principal critère, comme je vous l'ai déjà dit, est celui du classement mondial. Vous savez, les Jeux Olympiques ne sont pas un souk ouvert à tout le monde. Pour y concourir, il faudrait compter parmi le gotha mondial. Et c'est le cas pour nos deux tennismen. Quel objectif visez-vous lors de ces Jeux Olympiques ? Le tennis marocain, comme n'importe quelle discipline sportive, vise bien évidemment la consécration à Athènes, c'est-à-dire, une des médailles olympiques. Je suis sûr que les deux représentants se donneront à fond pour atteindre cet objectif. Mais leur tâche ne sera pas de tout repos du fait de la concurrence essentiellement. A Athènes, les deux tennismen auront à défendre les couleurs nationales et non à joueur pour améliorer un classement ou ajouter un titre à leur palmarès individuel. C'est une grande pression psychologique qu'ils devraient supporter. A ce sujet, je voudrais attirer votre attention sur un point, primordial à mes yeux. C'est celui de la préparation de tout athlète à un aussi grand événement sportif. Vous ne pouvez pas venir cinq ou six mois à l'avance et prétendre préparer un sportif de haut niveau en si peu de temps. Les Jeux Olympiques se préparent deux ou trois années à l'avance. Une préparation qui demande de grands moyens financiers. Mais ce problème ne se pose pas pour Arazi et El Aynaoui qui sont des professionnels et qui ont entamé leur saison il y a quelques mois… Pour les deux tennismen, le problème ne se pose pas effectivement. Mais la situation est différente pour les jeunes sportifs, qui ne sont nullement encouragés à aller de l'avant. Ils ne disposent ni d'infrastructures adéquates, ni de moyens matériels et financiers, ni de conditions d'entraînement et de préparation. Est-ce le cas pour le tennis ? Le tennis n'est qu'un sport parmi d'autre qui souffrent de ce manque de relève. Un sport qui ne dispose d'aucune aide financière ne pourrait finalement pas mieux se porter. Que fait la fédération pour y remédier ? L'instance fédérale demeure impuissante devant cet état de fait. Je dirais que pour changer cette situation qui est en train de tuer le sport national, il faudrait changer les gens qui dirigent le sport national. Je résumerais tout en disant qu'il n'y a pas de politique sportive nationale. C'est par cela qu'il faudrait commencer.