De toutes les productions classiques de Sindelfingen, les Mercedes SL Pagode sont sans doute celles dont le pouvoir d'attraction est le plus puissant. Pourquoi ? Assurément parce qu'elles ont un style à la pureté et à l'élégance indémodables. Fatale de par son look, la SL est capable de séduire du premier coup d'œil. Elle fait tourner les têtes et chavirer les cœurs tellement elle est belle. Elle fut aussi la monture favorite de beaucoup de «beautiful people». Et pour cause, la ligne de la Pagode demeure une création originale, unique dans sa différence. Cette semaine, retour sur une étoile qui a marqué de façon indélébile l'histoire de l'automobile. Lignes audacieuses La 230 SL se singularise par son toit en forme de pagode, un trait de style qui la popularisera aux yeux du grand public. Du reste, cette forme donnera son surnom à la voiture. Le style est né sous la main du designer français Paul Bracq. Prenant le contre-pied du style galbé des modèles précédents, le célèbre designer bordelais, qui a aussi travaillé sur des BMW et des Peugeot qui sont aujourd'hui devenus des objets fétiches prisés par les collectionneurs, s'est «surpassé sur la SL», comme se plaisent à dire les aficionados de ce modèle. La voiture, à carrosserie autoportante, reprend la plate-forme de la berline de la Classe S raccourcie. L'empattement a été réduit à 2,40 mètres et la longueur totale ne dépasse pas 4,28 mètres. La Pagode est célèbre pour la forme de son toit dont la courbure concave constitue une audace stylistique. Elle permet aussi de gagner six centimètres en hauteur et d'accroître la surface vitrée. La face avant de la Pagode reprend la calandre dépouillée de la 190 SL. Elle est ornée en son centre de la grande étoile et encadrée par des blocs optiques proches de ceux équipant les berlines de la Classe S. Bien que tous les ouvrants soient réalisés en aluminium, la 230 SL accuse 1.300 kilos sur la bascule ! Compte tenu du gabarit restreint de la voiture, ce poids paraît important, notamment pour une voiture qui porte l'appellation «SL», initiales de «Sport Leicht» («Leicht» veut dire «légère» en allemand !). Intemporelle… Si les Mercedes-Benz séduisent c'est aussi dans la durée. Leur robustesse n'est pas une légende, et leur modernité d'utilisation est rare pour des voitures qui frisent la quarantaine. Présentée pour la première fois au Salon de Genève en mars 1963, la 230 SL Pagode était capable de taquiner les 200 km/h et d'abattre le 0 à 100 km/h en seulement 11 secondes. Empruntant son moteur à la 220 SE de 1959, elle est pourvue du six cylindres à arbre à cames en tête entraîné par chaîne et réalésé de 2 mm pour donner 2.281 cm3. Avec un taux de compression porté de 8,7 à 9,3, ce bloc à quatre paliers (son origine remonte à 1951) développera 150 ch DIN à 5500 tr/mn. Dans sa catégorie, ces performances la situent au même niveau que les meilleures européennes de l'époque, à l'instar de la Fiat 2300 S (150 ch DIN) ou de l'Alfa Romeo 2600 Spider (145 ch DIN). La Pagode suivra, tout au long de sa carrière, l'évolution des motorisations de la Classe S, devenant 250 SL, puis 280 SL. Au total, jusqu'à la fin mars 1971, 48.912 exemplaires des trois types auront été diffusés sur une durée de huit ans, soit un succès honorable compte tenu du prix de la voiture. La Pagode cédera la place en 1971 à la 350 SL motorisée par un V8 de 3,5 litres mieux adapté au marché américain (type R 107). Cette dernière sera même épaulée par une version plus puissante, la 450 SL (V8 de 4,5 litres). Toutefois, la crise pétrolière fera renaître de ses cendres la 280 SL qui réapparaîtra en 1974 sous la nouvelle robe de la série 107. Malgré les 185 ch tirés de son nouveau six cylindres à deux arbres à cames en tête, les performances s'avèreront proches de la Pagode en raison de l'augmentation du poids. Cette voiture cédera la place à la 300 SL (188 ch) en 1985.