64 % des crimes examinés par la cour d'appel porte sur les atteintes à la pudeur et 65 % des délits examinés par les tribunaux de première instance porte sur les atteintes à l'intégrité physique des femmes. «Je domine donc je suis». C'est une expression, privilégiée par les hommes qui croient encore aux vertus de la violence à l'encontre de la femme. Certes ce comportement ignoble contre les femmes n'est pas exclusivement marocain, mais il continue à marquer notre société d'une manière alarmante. Les résultats de l'enquête statistique, réalisée par le Ministère de la Justice, avec le soutien du Fonds des Nations Unies pour la Population, dans la circonscription judiciaire de Casablanca, affirment que 64 % des crimes examinés par la cour d'appel porte sur les atteintes à la pudeur et que 65 % des délits examinés par les tribunaux de première instance porte sur les atteintes à l'intégrité physique des femmes-victimes. Cette enquête a ciblé 511 affaires mises entre les mains de la Cour d'appel de Casablanca et 16.737 affaires présentées devant les tribunaux de première instance d'Anfa, Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, Aïn Chok-Hay Hassani, Ben Msik-Sidi Othman, Derb Soltan-El Fida, Mohammadia et de Benslimane et ce, entre le 1er juillet 1998 et le 31 décembre 1999. L'enquête a dévoilé que 77 % des inculpés impliqués dans ces affaires recensées dans la circonscription judiciaire de Casablanca sont de sexe masculin. Elle a révélé également que les victimes âgées entre 20 et 29 ans viennent en tête des femmes violentées, avec une proportion de 27 %, suivies par celles dont l'âge varie entre 30 et 39 ans, avec un taux de 25 %. Les femmes quadragénaires et celles ayant moins de 19 ans occupent la queue de la liste avec 16 % des victimes, derrière les femmes-victimes qui sont âgées de plus de cinquante ans avec une proportion de 17 %. Concernant l'état matrimonial des victimes, l'enquête a affirmé que la violence conjugale est excessive puisque 48 % des victimes sont mariées. Quant aux victimes-célibataires, elles se positionnent au deuxième rang avec 31 %, avant les veuves et les divorcées qui représentent respectivement 11 et 10 % des victimes. S'agissant des bourreaux, l'enquête montre que les jeunes âgés de 20 à 29 ans composent la couche sociale n°1 qui recours à la violence contre les femmes avec un taux de 39 %. Alors que ceux qui ont moins de 19 ans et plus de 50 ans ne dépassent pas respectivement 8 et 7 %. Les jeunes hommes, âgés entre 30 et 39 ans, représentent, quant à eux, 30 % des inculpés impliqués dans les affaires relatives aux violences à l'encontre des femmes, recensées lors de cette enquête statistique pilote. Et les quadragénaires représentent une proportion de 15 %. À propos de l'état matrimonial des inculpés impliqués dans les dossiers recensés, l'enquête révèle que 50 % sont des célibataires, suivis des mariés avec une proportion de 44 %, les divorcés et veufs avec des taux respectivement de 5 et 1%. L'enquête a ciblé, effectivement, les affaires concernant la violence à l'encontre des femmes, mises entre les mains de la justice. Cependant ce phénomène prend sans doute de plus en plus de l'ampleur puisque plusieurs incidents de violence contre la femme n'arrivent pas devant la justice. On compte entre autres les incidents de la violence contre les femmes sur les lieux de travail et contre les petites filles domestiques…etc. Ce phénomène, soit dans les relations conjugales ou à l'extérieur de celle-ci reste un fait marquant, qui porte atteinte à l'intégrité physique de la femme. Une loi répressive peut-elle seule dissuader ce phénomène ? Certes que la loi a ses effets positifs. Mais, comme disait Antonin Artaud, c'est la “révolution de la conscience qui nous permettra de guérir la vie“. Une révolution qui nécessite en premier lieu une lutte acharnée contre l'analphabétisme.