L'échange de prisonniers entre Israel et le Hezbollah, dont les négociations progressent sous médiation allemande, ne concerne pas le chef du Fatah en Cisjordanie Marouan Barghouthi. Marouan Barghouti ne sera pas libéré. C'est ce qu'ont annoncé mardi les ministres israéliens de la Défense et de la Sécurité intérieure, Shaul Mofaz et Tsahi Hanegbi. Le leader palestinien ne fera donc pas partie de l'échange de prisonniers entre l'Etat hébreu et le Hezbollah, dont les négociations vont bon train sous médiation allemande. «Nous n'avons pas l'intention de libérer Barghouthi», a déclaré le premier lors d'une visite au poste militaire d'Erez, à l'entrée nord de la bande de Gaza où il a rencontré des officiers en service dans le secteur, a rapporté la radio publique israélienne. Pour sa part, le ministre de la Sécurité Intérieure avait déclaré plus tôt qu' «Il (Barghouthi) doit rester en prison des dizaines d'années, car il s'agit d'un criminel qui a manqué à ses engagements en ayant recours à la violence. Il répond de terrorisme et des meurtres de nombreux Israéliens». Shaul Mofaz est le premier haut responsable israélien à confirmer des «contacts en cours» en vue d'un accord selon lequel l'Etat hébreu libérerait les dirigeants du Hezbollah Moustafa Dirani et cheikh Abdel Karim Obeid, enlevés par Israël au Liban, respectivement en 1994 et en 1989, contre l'homme d'affaires Elhanan Tannenbaum, colonel de réserve de l'armée, que le Hezbollah présente comme un agent du renseignement israélien et les corps de trois soldats israéliens enlevés par la milice libanaise en 2000. Le ministre israélien a ainsi précisé qu'«il semble qu'il y ait des progrès» dans les négociations. Evoquant la libération possible des centaines de prisonniers arabes supplémentaires, Shaul Mofaz a affirmé mardi ne pas «être sûr que les chiffres étaient exacts». Selon une source israélienne officielle, le général de réserve Ilan Biran s'est rendu lundi soir en Allemagne pour discuter avec le coordonnateur des services secrets allemands, Ernst Uhrlau, des termes d'un éventuel échange de prisonniers avec le Hezbollah chiite libanais. D'après le quotidien Haaretz, cet échange prévoirait l'élargissement de détenus palestiniens dont Israël pourrait exiger l'exil à l'étranger. Citant un officiel dont elle n'a pas précisé l'identité, la radio publique israélienne a indiqué mardi qu'aucune réunion du cabinet du Premier ministre Ariel Sharon n'est prévue d'ici la fin de la semaine à propos de cet échange de prisonniers. Une source palestinienne, proche de ces négociations, avait annoncé qu'Israël aurait accepté lundi le principe de libérer 400 prisonniers arabes, dont au moins 200 Palestiniens et Marouan Barghouti. L'avocat du chef du Fatah en Cisjordanie, Khader Chkirat, a précisé que ce dernier figure à la première place des prisonniers que le Hezbollah souhaite voir libérer. Possible successeur de Yasser Arafat, Barghouti est emprisonné en Israël qui le soupçonne d'avoir joué un rôle dans les attentats qui ont tué 26 personnes. Il a été capturé en 2002 par l'armée israélienne à Ramallah en Cisjordanie et traduit devant un tribunal israélien. Il a été inculpé de «meurtres», «d'appartenance à une organisation terroriste et de détention d'armes», chefs d'accusations pour lesquels il encourt la prison à vie. Le 24 août, Israël a restitué au Hezbollah les cadavres de deux de ses combattants, donnant ainsi le premier signe d'un progrès tangible depuis des années dans la médiation allemande en vue d'un échange de prisonniers. Quelque 6.000 prisonniers palestiniens sont par ailleurs détenus par Israël.