Après le remous soulevé par l'annonce de la candidature de Marouane Barghouti, ce dernier serait sur le point de retirer sa candidature pour préserver l'unité du peuple palestinien. Quelque temps seulement après l'annonce de la candidature de Marouane Barghouti, le Fatah, principale composante de l'OLP, a menacé d'exclure ce dernier de ses rangs s'il maintenait sa candidature à la présidence de l'Autorité palestinienne. Le Fatah a désigné Mahmoud Abbas (Abou Mazen) comme candidat aux élections du 9 janvier qui permettront de désigner un successeur à Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne. Or, après avoir annoncé dans un premier temps qu'il ne comptait pas se présenter à l'élection du 9 janvier, Marouan Barghouti a opéré une volte-face à la dernière minute. A la veille de la clôture des inscriptions des candidatures, son épouse Fadoua, a déposé officiellement le dossier de son mari auprès de la commission électorale de Ramallah. Farouk Kaddoumi qui a succédé à Yasser Arafat à la tête du Fatah a souligné lundi la détermination du mouvement à exclure tout membre qui ne se conformerait pas aux décisions de son comité central. Kaddoumi, l'un des principaux fondateurs du Fatah, connu surtout pour son opposition aux accords de paix israélo-palestiniens signés à Oslo en 1994, a déploré le revirement de Barghouti qu'il a tout de même qualifié de «héros de guerre». Mais pour cet ancien compagnon de Yasser Arafat « l'organisation et la discipline doivent prévaloir ». Dans le même sens, le ministre des Affaires étrangères Nabil Chaath a exhorté Barghouthi à renoncer à sa candidature. Reconnaissant implicitement un conflit de générations dans les structures palestiniennes, Farouk Kaddoumi, lui-même âgé de 67 ans, a affirmé que « la direction du Fatah s'employait, dans le cadre du respect des droits de ses membres et de la liberté de parole, à préparer les générations montantes à accéder aux postes de responsabilité en temps opportun et sans brûler les étapes ». Le congrès du mouvement est prévu en août 2005. Autrement dit, la jeune garde devrait attendre que son tour arrive, mais en attendant, elle doit se plier aux décisions des «anciens». D'un autre côté, la communauté internationale, les pays arabes et même Israël, sont apparemment favorables à ce que Abou Mazen succède à Arafat. D'où l'intense activité diplomatique menée par l'Egypte envers Israël (échange de prisonniers, le probable retour de l'ambassadeur égyptien à Tel Aviv, etc…). Plus encore, l'Egypte a affirmé mardi avoir abouti à une entente avec les Israéliens et les Palestiniens sur un « plan d'action » pour un règlement global du conflit et proposé la tenue d'une conférence de paix l'été prochain à Washington pour lancer ces démarches. Un responsable israélien a confirmé l'existence d'une série de mesures agréées par Israël, les Palestiniens et l'Egypte dans le cadre d'une relance du processus de paix, mais il n'a en revanche pas pu confirmer la tenue prochaine d'une conférence de paix à Washington. Ce n'est certainement pas dans la perspective d'une Autorité palestinienne sous l'égide de Marouane Barghouti que de telles prémices auraient été annoncées. Ce qui laisse entendre que Barghouti retirera sûrement sa candidature sous les énormes pressions qu'il est en train de subir. Mardi, Talab al Sana,un député arabe israélien a rendu visite à Barghouti dans sa prison de Bersheeba et a déclaré que le chef du Fatah à Gaza n'exclut pas de retirer sa candidature pour éviter une scission au sein du Fatah dont la jeunesse lui est dévouée. Barghouti a toujours été soupçonné par Israël d'être le véritable chef des Brigades des martyrs d'Al Aqsa. Mais ce groupe a déjà approuvé et soutenu la candidature de Mahmoud Abbas et a même invité Barghouti à renoncer à sa candidature. D'après Reuters, Sana a précisé que Barghouti entendait, avant de prendre sa décision, discuter de diverses choses avec Abbas et d'autres dirigeants de l'Autorité palestinienne. Selon le député arabe israélien, si l'épouse de Barghouti a fait enregistrer la candidature officielle de son mari, ce dernier n'a pas encore pris de décision. Et M.Sana d'ajouter aux micros des chaînes satellitaires arabes, « A mon avis, Barghouti agirait en fin de compte de manière responsable en prenant une décision servant la cause de l'unité du peuple palestinien ». Ce qui n'empêche pas que selon deux sondages publiés lundi, Abbas et Barghouti sont au coude à coude, tandis que selon un troisième Abbas devance nettement son rival.