La cinquantaine bien tassée, il se tient devant les trois juges de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Meknès. Ses trois enfants, deux jeunes filles et un jeune homme, tous mariés, occupent avec d'autres membres de leurs familles les sièges de la salle d'audience. Accusé d'homicide volontaire avec guet-apens et préméditation tout en commettant un acte de barbarie sur la personne de son épouse, il risque selon les dispositions du code pénal jusqu'à la peine de mort. Ses trois enfants qui ont perdu leur mère par les mains de leur père ne savent pas à quel saint se vouer tout en écoutant, ce jour du mois d'octobre, les déclarations de ce père devenant l'espace d'un moment de doute et de colère un criminel et un meurtrier. «Elle me trompait», accuse-t-il sa femme qui a bien élevé ses trois enfants. A-t-il raison ou tort ? S'agit-il uniquement de soupçons qui ont germé avec le temps dans sa tête ? «De loin, j'ai vu quelqu'un qui est sorti de chez elle», précise-t-il devant la Cour sur un ton sérieux. Mais, il ne l'a pas reconnu. Le père affirme qu'il ne s'est pas rassuré si l'homme qui est sorti de chez lui en son absence était un membre de la famille ou une connaissance. «Je suis certain que c'est un homme et non pas une femme qui est sorti de chez elle», confirme-t-il. Ce père de famille a toujours pensé que sa femme le trompait. Surtout qu'elle refusait de partager avec lui le même lit. Ses trois enfants étaient au courant de ses soupçons infondés. Il se doutait qu'elle entretenait une relation amoureuse avec un marchand de légumes qui vendait sa marchandise non loin de chez lui au lotissement Zaïtouna, Km 6, Route Hadj Kadour, à Meknès. Face aux doutes, il a même fini par interdire à sa femme de quitter la maison. Ces doutes étaient souvent l'étincelle qui allumait le feu de leurs rixes presque quotidiennes. Le jour « J », le 16 avril 2012, ce père de famille est sorti le matin, vers 8 heures, de chez lui, pour rencontrer un ami. Plus de trois heures plus tard, vers 11 h 30, il empruntait le chemin du retour à la maison. Cependant, à quelques centaines de mètres, selon ses déclarations, il a remarqué une personne qui sortait de chez lui. Il a suivi ses pas. Mais, toujours selon ses déclarations devant la police, cette personne a disparu ! L'imaginait-il ? Tout est possible. Hors de lui, il est retourné chez lui. Sans demander d'explications à sa femme, il lui a donné un coup de poing. Elle est tombée par terre. Immédiatement, il est allé à la cuisine pour saisir un couteau et il lui a asséné quatre coups. Sans pitié, il l'a traînée par terre pour la faire rentrer dans la salle de bains. Là, il l'a égorgée comme un mouton. Coupant la tête et les membres inférieurs et supérieurs, il a mis le tout dans de grands sachets et les a dissimulés sous les escaliers en attendant que la nuit tombe pour s'en débarrasser. Présentant son témoignage, son fils affirme à la Cour que son père l'a informé, par téléphone, que sa mère avait disparu de chez elle. Aussitôt, il s'est lancé, en compagnie de ses deux sœurs et son épouse à la recherche de sa mère. Cependant, ajoute-t-il devant la Cour, sa femme qui est entrée au domicile de ses beaux-parents lui a affirmé par téléphone qu'elle avait remarqué des gouttes de sang dans les escaliers. Ce qui lui a mis la puce à l'oreille et l'a encouragé à alerter la police. Verdict : perpétuité.