Aziza cherchait le bonheur en épousant Abdellah. Il lui a donné un enfant, mais pas la vie qu'elle souhaitait. Chambre criminelle près la Cour d'appel de Fès. Abdellah, 39 ans, se tient au box des accusés pour répondre de l'accusation dont il fait l'objet : homicide volontaire sur la personne de son épouse, doublé de mutilation d'organe. Il ne nie pas son crime, mais tente de se justifier : «Elle me trompait !», répète-t-il devant la Cour sans exprimer le moindre regret. Que s'est-il passé, au juste ? L'affaire remonte à l'année 2001. Abdellah se présente à la famille de Aziza de la tribu Ouled Jamaâ, douar F'chatla, dans la région de Fès pour demander sa main. Aziza, 23 ans, accepte rapidement bien qu'Abdellah est au chômage. Elle veut ainsi oublier définitivement son premier mariage qui n'a duré que trois ans, et fuir les regards et les mauvaises langues des femmes du douar. Aziza rêvait d'être mère, mais elle a découvert que son premier mari était stérile. Et elle a demandé et obtenu le divorce. Qu'en est-il du second mari ? Abdellah lui promet, d'abord, de chercher un emploi pour gagner sa vie et subvenir aux besoins de sa famille. En attendant, Aziza prend en charge son foyer en travaillant dans une petite unité de confection. Le couple vit alors dans une chambre offerte par une proche d'Aziza. L'épouse fait absolument tout, y compris d'acheter des cigarettes pour son mari. Fainéant, ce dernier ne donne vraiment pas l'impression de vouloir tenir sa promesse de chercher un emploi et participer aux charges du foyer. Même l'enfant, qui est venu égayer son foyer après une première année de mariage, n'a pas suscité chez lui le sentiment de responsabilité. Aziza est, certes, heureuse d'avoir réalisé son vieux rêve. Mais, elle ne sera comblée qu'une fois son mari aura tourné le dos à la paresse et décidé d'assumer sa responsabilité de mari et surtout de père. Le salaire d'Aziza est dérisoire par rapport aux besoins grandissant du bébé. N'ayant d'autre choix, la jeune mère devait continuer à travailler dans cette usine dirigée par le fils du patron qui, un jour, est venu chambouler sa vie. Comment ? Aziza s'intéressait de plus en plus à lui. Il lui donnait, de temps en temps, de l'argent arguant qu'il voulait l'aider après avoir appris qu'elle était mère d'un enfant et que son mari est au chômage. Au fil des semaines, il lui propose de sortir avec elle et elle ne refuse pas. Leur relation se développe même rapidement au point qu'ils ont commencé à partager le même lit. Une relation d'adultère qui a eu un impact sur la vie conjugale d'Aziza. Elle ne prête plus la moindre attention à son mari, le néglige et lui tourne le dos tout le temps. Abdellah a fini par se douter que quelque chose se passait. Il s'est mis à suivre sa femme partout. Il ne l'a jamais surprise en compagnie de son amant. Mais les collègues d'Aziza lui ont confirmé qu'elle entretenait une relation amoureuse avec le fils du patron. Depuis, les reproches, les injures et les rixes sont devenus le quotidien du couple au point qu'Aziza a déserté la maison pour se réfugier chez ses parents. Ni elle ni son mari n'ont pensé à cet enfant qui légitimait ce mariage hâtif. Le mari n'hésite pas à déposer plainte contre sa femme. Une semaine plus tard, elle est de retour chez elle, mais ne rompt pas sa relation avec le fils du patron. Abdellah ne supporte plus qu'elle le trompe et décide alors de se venger. Quand Aziza est rentrée chez elle, Abdellah l'attendait avec un couteau à la main. Il se jette sur elle et la poignarde une première fois, puis une deuxième. Aziza tombe par terre. L'assassin, lui, reste près d'elle et attend l'arrivée des gendarmes. Non, il ne regrette pas son crime. Pour lui, le fait que sa femme le trompait justifie amplement son acte criminel qui lui a coûté la peine à perpétuité.