La CDT monte au créneau en décrêtant une grève générale et en présentant une motion de censure au parlement. «Nous aurions aimé que le premier mai soit une occasion de rendre justice aux travailleurs, mais nos vœux furent vains ». C'est en ces termes que le secrétaire général de la Confédération démocratique du travail ( CDT), Mohamed Noubir Amaoui a introduit son exposé expliquant les raisons du recours à la grève générale de 24 heures, prévue pour ce 5 juin 2002. Au cours de sa conférence de presse, le dirigeant syndicaliste n'a pas manqué d'épingler «certains journalistes qui occultent les faits et événements concernant sa centrale syndicale». Pour ce qui est de la décision du débrayage, il s'est contenté, en général, de donner lecture à la déclaration du Bureau exécutif, qui énumère les différents points du cahier revendicatif du syndicat. Bien entendu, ce sont ses réponses aux questions des journalistes qui avaient apporté quelques clarifications touchant aux préoccupations de l'opinion publique. Contrairement, dit-il, aux déclarations du Premier ministre, la décision de la grève était attendue et ne suscite l'étonnement de personne. Un étonnement qui ne cesse de revenir comme un leitmotiv dans les discours des responsables gouvernementaux, depuis plusieurs décennies, et ce, alors que les problèmes des travailleurs sont connus et ne cessent de s'aggraver. Dans la perspective de mieux préciser cette question, il a rappelé les différentes démarches entreprises par son syndicat en vue de trouver une solution aux problèmes pendant, dont la dernière en date a trait à l'envoi d'une lettre à la Primature explicitant les nombreux dossiers des secteurs public et semi-public. Une initiative restée sans suite, alors que les conditions de vie et de travail des masses déshéritées et laborieuses se détériorent de plus en plus, durant ce mandat gouvernemental, comme cela se manifeste dans la tendance bureaucratique qui prévaut dans les ministères, et l'absence d'initiatives allant dans le sens de l'allégement du marasme économique et social. A cette faiblesse patente, s'ajoute, annonce -t-il, une autre plus grave qui consiste à induire en erreur de l'opinion publique par le recours à des fausses manœuvres de règlement du problème de chômage, comme c'est le cas pour «le marché aux puces (Joutia)» des pseudo 30.000 postes d'emplois sensés être garantis par une société siégeant aux Emirats arabes Unis. Une opération soutenue, dit-il, par le ministre de l'emploi. Pour ce qui est du rapport aux autres centrales syndicales, M. Amaoui a fait part de la tenue de deux séances de travail avec Abderrazzak Afilal, secrétaire général de l'Union générale des travailleurs du Maroc ( UGTM), durant lesquelles il y a eu «une concordance des positions entre les deux syndicats», notamment concernant la gravité de la situation sociale et la nécessité pour les deux parties d'assumer leurs responsabilités, et le recours à la motion de censure. Mais, sur le terrain, l'UGTM n'a pas bougé. En revanche, du côté de l'Union marocaine du travail, l'on se contente d'appeler au débrayage dans la Fonction publique, alors que pour la CDT, le secteur privé est le plus touché par la crise actuelle. A une question ayant trait au timing de la grève, le secrétaire général de la CDT, s'est dit contraint de recourir à la protestation en raison de l'absence d'interlocuteurs. Une manière de tendre la main au gouvernement. Concernant la réticence de certains «cédétistes» à l'égard de cette décision, il a déclaré que tous les membres de son syndicat sont sommés de répondre favorablement à l'appel du Bureau exécutif. Une position tranchante qui sera suivie du recours à la motion de censure au Parlement. Dès ce mardi.