Une réunion lundi soir sous la présidence du Premier ministre a permis d'éviter le pire et de lever les menaces qui pesaient notamment sur l'année universitaire. Le malaise des enseignants est profond et son poids électoral pèse dans les négociations de cette fin de mandat pour l'actuelle majorité. Après plusieurs séances de négociations, restées sans issues, le Syndicat national de l'enseignement (SNE/CDT), la Fédération autonome de l'enseignement (FAE/UGTM) et la Fédération nationale de l'enseignement (FNE/UMT) ont décidé d'annuler leur grève générale prévue pour les 14, 15, 16 et 17 mai. Cette réunion s'est déroulée en présence du ministre de l'Economie, des Finances, de la Privatisation et du Tourisme, du ministre de l'Education nationale, du ministre chargé des relations avec le Parlement, du ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative et du secrétaire général de la primature. Ont pris part à cette réunion du côté syndical Abderrahmane Chennaf et Taïb Mounchid du SNE, Mohamed Benjelloun Andaloussi de la FAE et Bachir Housni de la FNE. Ceci dit, il y a lieu de signaler, de prime abord, que sans l'intervention, (ou plutôt l'arbitrage ) du Premier ministre Abderrahman Youssoufi, la tension entre les syndicats et le gouvernement n'aurait pas connu de solution. La présence de ce dernier s'est avérée plus que nécessaire. A l'issue d'une réunion qu'il a présidée lundi soir, le gouvernement et les syndicats sont parvenus à un accord sur l'enveloppe budgétaire qui sera affectée au financement du nouveau régime indemnitaire des fonctionnaires du ministère de l'Education nationale (MEN). Estimée à 4 milliards de dirhams, cette enveloppe est répartie sur quatre années à compter de septembre prochain, en plus du montant alloué à la réforme du statut. En termes concrets, cet acquis se traduira, selon des dirigeants du SNE, par une augmentation d'indemnités d'un montant mensuel de 800 dirhams. Au moment où nous mettons sous presse, nous apprenons que les trois syndicats de l'Enseignement précités s'apprêtent à rendre publique une déclaration dans laquelle ils font état du contenu des accords conclu avec le gouvernement. Car, outre l'enveloppe consacrée aux indemnités, les négociations ont porté sur d'autres points non moins important en ce qui concerne l'amélioration des conditions de vie et de travail du corps enseignant appartenant au Ministère de l'Education nationale. Il s'agit, entre autres, de la réduction de la période nécessaire pour le passage d'une échelle à une autre, de 10 ans, selon l'ancien régime, à 6 années seulement aujourd'hui. A cela s'ajoute la possibilité pour les agents de l'Enseignement fondamental de bénéficier du droit à la promotion, surtout de l'échelle 10 à 11. Une mesure qui se traduit par une augmentation de salaires allant jusqu'à 3000 DH par mois. Dans ce même ordre d'acquis, les deux parties sont convenues d'un accord sur le statut des fonctionnaires du MEN, qui contribuera à la modernisation du système de gestion des ressources humaines, à l'amélioration des conditions de travail des enseignants et à la révision des critères de recrutement, d'évaluation et de promotion. Ces mesures n'arrangeraient pas tout le monde. Surtout ceux qui attendaient l'équipe gouvernementale au tournant pour la clouer au pilori. D'ici les prochaines élections. Il s'agit, en premier lieu, des dirigeants actuels de la centrale CDT, qui ont vu dans cet événement une occasion pour sortir de leur silence et inciter l'ensemble des contestataires potentiels à l'observation d'une grève générale. Un coup qui sera mortel pour les socialistes au gouvernement. Dans le même ordre, il y a lieu d'évoquer la longue attente des islamistes, appartenant à l'Union nationale des travailleurs marocains (UNTM), qui étaient les premiers à appeler au débrayage et qui n'ont certainement pas été avisés de la reprise du dialogue avec le gouvernement. A ces deux opposants s'ajoutent tous les radicaux de gauche non contents de l'avènement du gouvernement d'alternance et de son action, et qui n'attendaient que la grève pour faire sortir leurs griffes. Mais, en vain.