Au moment où l'on croyait que les maladies vectorielles ne menaceraient plus notre vie, elles refont surface. Ces épidémies sont devenues facilement transmissibles de par le changement de notre mode de vie, nos déplacements fréquents, voire le changement climatique et les mauvaises conditions d'hygiène publique. Les responsables du département de la santé dans notre pays en sont conscients, c'est pourquoi ils ont abondé dans le sens du choix fait cette année par l'OMS pour célébrer, le 7 avril, la Journée mondiale de la santé sous le thème : «Vecteurs de maladies : petites créatures, grandes menaces». Le but étant, selon son représentant dans la zone MENA, Alaeddine Alouane, «de mieux faire connaître leur menace». Pire encore, il n'existe pas de vaccin pour ces épidémies, à part la fièvre jaune. Face à cette situation, le Maroc a, comme l'a rappelé lundi à Rabat Lhoussaine Louardi, «adopté l'approche stratégique de la gestion intégrée de la lutte anti-vectorielle (GILAV), dont la mise en place est en 2ème phase couvrant la période 2013-2017». Un plan d'action prévoyant la signature d'une décision interministérielle santé- intérieur- agriculture- environnement sur la GILAV qui sera, selon le ministre, érigée par la suite en un décret portant création du Comité technique intersectoriel de cette gestion et des comités régionaux et provinciaux. Le ministre de la santé envisage aussi de mener, dans le cadre de ce plan, un plaidoyer avec l'ONSSA pour l'amendement de l'actuelle loi sur les pesticides à usage agricole en vue d'élaborer une nouvelle loi réglementant tous les types de pesticides. Le département de Louardi prévoit également d'assurer un suivi régulier de l'état de sensibilité des vecteurs aux insecticides, pour prévenir et anticiper l'apparition des phénomènes de résistance et assurer ainsi l'efficacité des opérations de lutte anti-vectorielle. A leur tour, les manipulateurs ne seront pas en reste puisque le ministère compte aussi en assurer la surveillance régulière. Cependant, il ne suffit pas de prendre des mesures pour lutter contre ces maladies. Selon l'OMS, la solution est à rechercher dans notre milieu naturel, entre autres. Pour son représentant dans la zone MENA, «la préservation de l'environnement permet de sauver des vies». Aussi, une bonne préparation d'un système de surveillance solide, voire la réduction de l'usage des produits chimiques contribueront, à ses yeux, à lutter contre ce phénomène majeur. Pour rappel, chaque année, on relève plus d'un milliard de cas et plus d'un million de décès de par le monde, imputables à des maladies à transmission vectorielle telles que le paludisme, la dengue, la schistosomiase, la trypanosomiase humaine africaine, la leishmaniose, la maladie de Chagas, la fièvre jaune, l'encéphalite japonaise et l'onchocercose. Au niveau mondial, l'OMS annonce que le paludisme entraîne plus de 600.000 décès par an, la plupart étant des enfants de moins de 5 ans. En Afrique, un enfant meurt du paludisme chaque minute. 40% de la population mondiale sont exposés à la dengue et 1,3 millions de cas de leishmaniose sont enregistrés annuellement. La dengue constitue la meilleure illustration de ce phénomène, puisque son incidence mondiale a été multipliée par 30 au cours des 50 dernières années. Au Maroc, si l'élimination du paludisme autochtone et de la bilharziose représentent une des grandes réalisations nationales de santé publique, les leishmanioses continuent de constituer un sérieux problème. En effet, durant 2013, les services de santé ont détecté 2.564 cas de leishmanioses cutanées et 109 cas de leishmanioses viscérales. D'autant plus que 314 cas de paludisme ont été importés dans notre pays en 2013. De quoi s'inquiéter !