Les grandes banques d'affaires américaines doutent de l'efficacité des réformes de la Security and Exchange Commission (SEC). Les patrons reprochent au gendarme de la Bourse américaine sa frilosité. Si elles étaient jusque-là silencieuses sur les réformes adoptées par la SEC visant à séparer leurs activités d'analyse et de banque d'investissement, les grandes banques d'affaires américaines montent enfin au créneau. Réunis lors d'une conférence organisée par Goldman Sachs, les grands patrons des «bulge brackets» se sont exprimés longuement sur ce sujet délicat. À commencer par Philipp Purcell, le Président de Morgan Stanley, qui a pris les devants en annonçant que son établissement pourrait rapidement adopter pour son département de recherche les mesures imposées par le procureur général de l'Etat de New York Eliot Spitzer à Merrill Lynch, jugées plus contraignantes que celles de la SEC. «S'il s'avère que ces mesures sont préférables pour nos clients et l'industrie financière, mieux vaut les adopter énergiquement que d'attendre d'être contraints de le faire», a précisé Philipp Purcell. Lors de cette réunion, Citigroup est également montée au créneau par la voix de son Président Sanford Weill. Contrairement à la Securities Industry Association (SIA) qui représente les firmes d'investissement et qui affiche profil bas devant les réformes de la SEC, le premier groupe bancaire mondial a fait savoir que les nouvelles règles de la SEC n'étaient pas suffisamment «fortes» pour réduire les conflits d'intérêts entre analystes et banquiers d'affaires. Il n'a cependant pas précisé quels étaient les points précis qui devaient êtres améliorés. À l'heure où Schroder Salomon Smith Barney (SSSB), la division banque d'investissement de Citigroup, est directement visée par Eliot Spitzer, Sanford Weill en a profité pour rappeler qu'il ne pensait pas que la séparation totale de la recherche et de la banque d'investissement soit «une bonne idée», allant dans le même sens des propos tenus quelques jours plus tôt par David Komansky. Le Président de Merrill Lynch, lui aussi présent à la réunion, s'est montré optimiste quant à l'aboutissement des négociations entamées avec Eliot Spitzer sur le respect de la «muraille de Chine», indiquant que les mesures retenues aboutiront à de «profondes modifications» en matière d'organisation des départements d'analyse. La banque à emblème de taureau, dont les démêlés avec Eliot Spitzer sont montés d'un cran ces derniers jours, tente donc de calmer le jeu, d'autant plus qu'elle se trouve pour l'instant isolée. «Nous ne négocions pas au nom des autres banques», a rappelé David Komansky