Nawfel Chana et Simohamed Zaari Jabiri, respectivement ophtalmologue et neurochirurgien, se sont lancé le grand défi de réconcilier le citoyen marocain avec le médecin. Leur concept est simple, réaliser une émission web médicale en darija afin de toucher un maximum d'audience. Il y a à peine une année que le premier épisode de cette émission a vu le jour. Aujourd'hui, elle en est à sa deuxième saison, elle fait le buzz sur les réseaux sociaux et pour la troisième saison qui est en phase de tournage c'est sur la chaîne Al Oula qu'elle sera diffusée. Son intitulé ? «Sal Tbib Kbel Lamjerreb». Rien qu'a lire le titre de l'émission que ces deux jeunes médecins marocains offrent aux internautes on en comprendrait l'objectif: bouleverser l'adage «Sal Lamjerreb Kbel Tbib» et installer un regain de confiance entre citoyen et médecin. Il s'agirait en premier lieu de corriger les a priori ainsi que les fausses et mauvaises pratiques d'automédication qui, quoiqu'il y ait un certain changement de mentalités dans la société, continuent à régner en maîtresses. Ces jeunes viseraient également le problème du diagnostic tardif qui constitue à aujourd'hui l'un des problèmes majeurs du secteur de santé au Maroc. Ce n'est certainement pas en adoptant un langage propre au métier qu'ils exercent que les deux initiateurs de ce concept atteindront leur objectif. Une idée qu'ils ont l'air de bien assimiler car pour gagner la confiance de leur cible, c'est en darija qu'ils s'expriment. «Nous voulions atteindre le citoyen marocain où qu'il soit et je ne vous cache pas que c'est le monsieur lambda qui ne comprend que la darija qui représente la particularité de notre campagne de sensibilisation», explique Simohamed Zaari Jabiri. Il est à noter que c'est sous l'aile de l'Association Eden Maroc pour les œuvres socioculturelles que ce projet citoyen a été lancé. «Tout a commencé avec une petite idée toute simple que j'avais eue puis développée avec Nawfel Chana. Aujourd'hui, nous avons une équipe de deux graphistes de 26 médecins qui travaillent dans la préparation des épisodes. Plus de 550.000 personnes ont visionné l'émission sur notre chaîne Youtube et nous alimentons de façon continue une page facebook en conseils», précise la même source. Bien plus ambitieux, le projet «Sal Tbib Kbel Lamjerreb» ne se limite plus au Web et en dépasse les frontières pour se voir adopté par plusieurs hôpitaux et cliniques un peu partout au Maroc. Selon Nawfel Chana, membre fondateur de l'Association Eden, «les épisodes des deux précédentes saisons de l'émission sont diffusés en boucle dans les salles d'attente. Les patients peuvent dorénavant avoir accès à nos conseils sur des écrans dans des cliniques privées, des centres de santé, à l'hôpital Cheikh Zayed, aux CHU de Fès, Marrakech, Rabat, Casablanca et même Oujda». A côté de cela, une application smartphone serait en cours de finalisation. Cette application contiendrait un annuaire et un service de géolocalisation de tous les médecins présents dans la zone de l'utilisateur. A l'heure actuelle, 30 épisodes sont fins prêts pour être diffusés sur la première chaîne nationale durant le mois de Ramadan. Quant au tournage d'une cinquantaine de capsules constituant la troisième saison de «Sal Tbib Kbel Lamjerreb», il démarre au mois de février. «On vient de vendre 80 épisodes pour la première chaîne dont les bénéfices iront directement à l'association pour financer des projets humanitaires» Ces deux jeunes illustrent avec perfection l'exemple de médecins citoyens et il faut dire que le Web leur a ouvert grandes les portes. Pour Simohamed Zaari Jabiri, le Web a été un tremplin qu'ils ont choisi d'abord pour juger du taux de satisfaction de l'idée, pour en mesurer l'impact et en faire connaître le concept. «Il ne faut également pas nier que c'est grâce au Web qu'on a eu tous ces contacts que ce soit avec les médias, boîtes de production ou encore avec un grand réseau des médecins qui souhaiteraient faire partie du projet. Ces derniers nous sont d'une grande aide et prennent le relais pour présenter notre projet aux directeurs des lieux où ils exercent. Imaginez que rien qu'au CHU de Fès, il y a plus de 1.000 patients par jour qui visionnent nos videos, qu'en sera-t-il du reste?». L'appel est donc lancé. A bon entendeur.