L'accord de libre-échange (ALE) Maroc-USA devait être signé le mardi 15 juin aux Etats-unis. Avant sa ratification par les parlements des deux pays. La signature de l'accord de libre-échange (ALE) Maroc-USA suscite bien des craintes que les assurances des officiels n'ont pas pu apaiser. En dépit des déclarations optimistes de part et d'autre, il faudra attendre l'application de l'accord pour juger du bien-fondé ou non des craintes, quant à ses répercussions économiques et socioculturelles. Côté américain, l'accord de libre-échange maroco-américain est appelé à sceller "un partenariat politique et économique nouveau avec le Maroc, pays qui éclaire la voie de la réforme et de la modération au sein du monde islamique", a affirmé le représentant des Etats-Unis pour le Commerce extérieur, Robert Zoellick. Le Royaume est l'incarnation de la "nouvelle vision" qui émerge dans la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, où "des pays arabes modérés, comme le Maroc, sont en train de revendiquer les idées de l'âge d'or de l'ère islamique et renouer avec une brillante culture qui encourageait la jeunesse avide de recherche à explorer les horizons du savoir et de la prospérité commerciale", a expliqué M. Zoellick dans un article paru samedi sur les colonnes du “New York Times”. "Leur conception réformiste et tolérante de l'Islam s'appuie, entre autres, sur des élections parlementaires, la privatisation des entreprises commerciales, l'encouragement de l'investissement étranger capable de générer un développement à grande échelle et une meilleure protection des droits de la femme et du travailleur", a indiqué le responsable américain. En revanche, selon les analystes de la BMCE capital, les termes du protocole de libre -échange avec les États-Unis d'Amérique apparaissent avantageux pour l'ensemble de l'économie marocaine. Même le volet agricole a été négocié en faveur du Maroc. Plus généralement, ayant un accès quasi illimité au marché américain, le Royaume chérifien a réussi à extirper de longs délais de grâce avant la levée des droits tarifaires sur les marchandises U.S. Toutefois, à l'évidence, les transactions commerciales entre les deux pays sont aujourd'hui faibles et les effets positifs de ce nouveau pacte ne devraient être ressentis qu'à moyen et longs termes. Actuellement en manque de spécialisation, le Maroc tente de réaliser une pénétration graduelle dans les secteurs progressifs. Pour ce faire, il s'appuie sur ses atouts: main-d'œuvre bon marché, proximité de l'Europe, etc. Il est également conscient des lacunes à combler essentiellement au niveau de la formation, de la modernisation de son administration et de sa Justice ainsi qu'au niveau du coût élevé des intrants énergétiques locaux. La capacité du Maroc à attirer les investissements étrangers dans ces nouveaux secteurs sera, à cet égard, certainement décisive. "Au Maroc comme en Jordanie, au Bahrein et ailleurs, de jeunes dirigeants sont en train de lutter pour l'âme de l'Islam", menant "une bataille de la tolérance contre l'extrémisme" et un combat qui oppose "les partisans des réformes économiques à ceux qui abhorrent la modernité" et "les partisans de l'amitié avec l'Occident à ceux qui veulent être ses ennemis", a souligné Robert Zoellick. En concluant des ALES avec les USA, la Jordanie, le Maroc et Bahrein "ont suscité l'intérêt d'autres" pays pour de tels accords, a expliqué le ministre, notant que son gouvernement a maintenant signé des accords cadre avec huit Etats arabes, de l'Algérie au Yémen, "comme première étape" vers la négociation d'accords de libre-échange.