En ordonnant à son pilote brésilien Rubens Barrichello de laisser gagner son coéquipier, l'Allemand Michael Schumacher, au Grand Prix d'Autriche de Formule 1, Ferrari aurait souillé sa propre histoire. Les critiques fusent. Bien étrange, ce qui s'est passé en Autriche dimanche dernier. Alors qu'il était en pole position, Rubens Barrichello, en tête tout au long du Grand Prix d'Autriche, a laissé passer son coéquipier de Ferrari, Michael Schumacher, juste avant la ligne d'arrivée et offert à l'Allemand sa première victoire sur ce circuit. Une victoire, la quatrième d'affilée pour l'Allemand, qui a déclenché plusieurs contestations et dont Schumacher lui-même n'a tiré aucune joie, n'étant pas d'accord avec cette décision. «Je pense que c'était une mauvaise décision. Si j'avais pu aller à l'encontre, je l'aurais fait. Je ne suis pas satisfait de ce qui s'est passé» a-t-il déploré. Honteux, il a même cédé la plus haute place du podium au Brésilien, promettant de lui renvoyer l'ascenseur. « Vu la manière dont il conduit maintenant, il gagnera une épreuve tôt ou tard, tout seul, sans moi…Mais soyez en sûrs, si ce n'est pas le cas, je lui renverrai l'ascenseur », a déclaré Schumi, dépité. Les critiques n'ont cessé de fuser depuis. Les commentateurs de la chaîne de télévision Globo, qui retransmet en exclusivité les Grands Prix du Championnat du monde de F1 au Brésil, n'ont pas mâché leurs mots, parlant d'une honte historique en évoquant ce final inattendu et peu sportif. Selon la chaîne, l'histoire de Ferrari ne méritait pas une telle vexation, car la plus populaire et la plus glorieuse écurie de F1 a sali sa propre histoire. Le président brésilien Fernando Henrique Cardoso lui-même a pris parti dans un communiqué, déclarant Rubens Barrichello comme le véritable vainqueur du Grand Prix et que la Coupe lui revient. Si la réaction des Brésiliens paraît normale, celle émanant du fief même de la Scuderia l'est beaucoup moins. «Nous n'avons pas aimé la façon dont la course s'est terminée. Il n'y a avait aucune raison d'humilier Barrichello et les supporters », a commenté Alberto Boccali, le président du fan-club Ferrari à Maranello, où est basée la Scuderia. Vainqueur moral de ce Grand Prix, Rubens Barrichello s'est vu offrir des mains de son coéquipier le Trophée qui récompensait le vainqueur. Mais le statut de pilote professionnel du Brésilien l'oblige à accepter cette situation : «Il y a eu une consigne d'équipe, il n'y a rien à ajouter à cela. Ils m'ont demandé de laisser passer Michael et je l'ai fait. Cela n'affecte en rien ma détermination qui est de gagner des courses. Je sens que mon heure est venue et je n'ai aucune raison de me plaindre » laissait entendre Rubens.Les contrats qui lient Michael Schumacher et Rubens Barrichello à leur équipe stipulent qu'en qualité de premier pilote, l'Allemand a la priorité si les deux hommes sont en passe de réaliser un doublé. Un point clair pour les responsables de la Scuderia comme pour ses pilotes, mais pas pour les passionnés de F1, ni pour les supporters de Ferrari. La manière dont on a contraint Barrichello à offrir la victoire à son coéquipier est perçue comme un comportement anti-sportif, une injustice. Le lieu de se poser la question : la Formula 1, est-ce vraiment un sport ?