L'Union socialiste des forces populaires a survécu à un nombre impressionnant de crises. C'est dire à quel point elle est armée pour résister à l'adversité d'où qu'elle provienne. Ayant connu des vagues successives de contestation, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) semble être sur la voie de réaliser une sorte de «paix entre les sensibilités. Les Socialistes n'avaientt d'ailleurs pas d'autre choix que de se présenter en rangs serrés aux prochaines communales. C'est ce qui ressort des travaux de la commission administrative du parti qui s'est réunie dimanche à Rabat et dont les travaux se sont soldés par l'approbation unanime du rapport politique. Flash-back. Fin mars-début avril 2001. Lorsqu'il monte à la tribune pour le traditionnel marathon oratoire, Abderrahmane Youssoufi sait que le plus dur est fait: le 6ème Congrès de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), attendu depuis onze ans, a bien eu lieu dans les délais prévus. D'aucuns avaient en effet parié que le 6ème Congrès de l'USFP ne se tiendrait pas, ou qu'il imploserait, que Youssoufi serait mis en minorité… Les mêmes militants qui se sont employés des semaines durant, avec l'énergie du désespoir, à bloquer les préparatifs du congrès, avaient, durant les des deux dernières années, fustigé les reports successifs de ces assises imposées par une conjoncture marquée notamment par le décès de feu SM Hassan II. Quelques jours avant les assises, les quatre animateurs du courant «Fidélité à la démocratie» – dont la plate-forme n'avait pas été retenue parmi les projets de documents à débattre – ont fini par jeter l'éponge et annoncé qu'ils boycottaient les travaux «pour ne pas cautionner des assises préparées dans des conditions d'absence de démocratie et de transparence». «Du moment que notre plate-forme a été écartée, il ne s'agira plus que d'un congrès plébiscite, un congrès d'apparatchiks», avait tranché Najib Akesbi, qui s'appuyait sur l'ancien secrétaire général de la Chabiba Ittihadia, Mohamed Sassi, et son successeur Mohammed Hafid. Ce dernier n'a pas été suivi par les 70 délégués de son mouvement, qui ont assisté à la totalité des travaux. Autre absent de marque : Fqih El-Basri, qui a invoqué les mêmes griefs que les rédacteurs de la plate-forme de «Fidélité à la démocratie», sans faire illusion. La surprise est venue de Noubir Amaoui, le patron de la Confédération démocratique du travail (CDT), syndicat affilié à l'USFP. Familier de l'obstruction et du harcèlement, il s'est payé un retrait théâtral de la salle de conférence quelques minutes avant l'ouverture des travaux, suivi des élus de son courant criant sans grande conviction que «le congrès est truqué». Il attendra en vain qu'on vienne le rechercher, avant de se résigner, ainsi que ses amis, à voir le congrès poursuivre ses travaux sans lui. Réalisant que son coup avait échoué, Amaoui avait essayé de rectifier le tir. «Nous ne voulons pas de scission, nous voulons l'unité du parti (…) Youssoufi est notre Premier secrétaire et c'est l'homme qui convient à la situation politique que vit actuellement le Maroc», avait affirmé El Maâti Souhaïl, son porte-parole. Mais le mal était fait. Amaoui avait à sa manière préparé le congrès de l'USFP en réunissant, deux semaines auparavant, à Laâyoune, le congrès de la CDT qu'il a voulu une véritable démonstration de force. Plus tard, il fondera le Congrès national Ittihadi (CNI), qui, dans un premier temps avait voulu s'approprier le sigle de l'USFP. Après un procès rapide, il sera débouté. Par l'entremise de Abdelkader Laâssouli, le CNI récoltera un seul siège aux législatives de septembre 2002… Laâssouli quittera par ailleurs le CNI pour émigrer sous les cieux du Parti Socialiste Démocratique (PSD). Résultat des courses : 0 siège et sans doute beaucoup de regrets. Entre-temps, en guise de réponse du berger à la bergère, l'USFP avait fondé son propre syndicat, la Fédération démocratique du travail (FDT). Histoire de se présenter «sur deux jambes» aux prochaines élections, avec dans le viseur, un maximum de sièges à la deuxième Chambre.