Reportage. Le jardin d'essais, créé en 1914 pour servir de laboratoire botanique, a subi des dégradations importantes. Projection. Toute personne gardant encore présent en mémoire l'image du jardin d'essais de Rabat des années soixante sera frappée de stupeur par la dégradation des lieux aujourd'hui. Situé au croisement de l'avenue Ennasr et la rue El Battani, dans le centre de la capitale, le jardin d'essais de l'Institut national de la recherche agronomique, qui offre aux habitants un cadre pittoresque et verdoyant, fut durant les années soixante un éden de verdure, d'où se dégageait, en hiver, une odeur de terre mélangée au granit humecté par les premières pluies. De nos jours, l'espace est envahi par un amoncellement de pierres et de terre ici et là du fait des travaux de dallage disparates, sans goût qui jurent avec les quelques taches vertes qui arrivent encore à garder leur teint d'antan. Des plantes rares ont été déracinées et remplacées par des plantes ordinaires, des bassins ont été vidés de leurs eaux et des différentes sortes de grenouilles qui les habitaient pour cause de «travaux de restauration». Près de 40 à 50 ouvriers qui travaillent dans ce jardin subissent eux aussi les méfaits de l'oubli. Depuis 20 ans qu'ils sont là, ils n'ont pas encore eu l'échelle 4. Des jeunes en provenance des quartiers voisins, Diour-Jamâa, Elakkari, Océan, pénètrent dans le jardin pour cueillir les fruits sans ménagement pour les arbres qui les portent, ce qui a entraîné la disparition progressive de certains arbres fruitiers rares. Le jardin d'essais, qui est l'un des rares parcs de la ville de Rabat, a été créé en 1914 pour servir de laboratoire botanique pour la diversité des espèces. Il contient plus de 600 espèces ligneuses ornementales et fruitières d'origines diverses. Le jardin d'essais offre une diversité biologique naturelle sur une superficie de 17 hectares : 8 ha de jardins publics, 2 ha réservés à l'arboriculture et la collection des plantes ornementales, 1 ha servant de pépinières de multiplication des espèces exotiques, 4 ha de collection d'arbres fruitiers et 2 ha pour des cultures ornementales. Mme Khadija Hilal, présidente du domaine public du jardin d'essais estime que le jardin a subi des dégradations importantes par rapport au passé pour de nombreuses raisons, particulièrement après la décision de l'administration de la Caisse nationale de crédit agricole (CNCA) de construire son siège au sein du jardin. Cette décision a heureusement été abandonnée. Mme Hilal a indiqué que cette décision, prise vers la fin des années 80, a été à l'origine du déracinement de nombre d'arbres dont certains sont rares, ajoutant que l'insuffisance de la main-d'ouvre a également contribué à la dégradation de ce jardin. Toutefois, a-t-elle dit, l'état du jardin s'est amélioré grâce aux efforts de responsables soucieux de la préservation de ce patrimoine qui ont milité pour inscrire le jardin particulier dans le patrimoine national. Elle a ajouté qu'un projet d'aménagement et de restauration du jardin est en cours de préparation. Le projet prévoit notamment la plantation de diverses espèces d'arbres et de plantes. Un autre projet prévoit la création d'un jardin botanique. • Leïla Chafaï (MAP)