Le parti de l'Istiqlal démarre la course à la mairie de Marrakech en pole position. Son candidat, M'hamed Khalifa, ministre de l'Artisanat et de l'Economie sociale, est en concurrence avec deux autres ténors, l'Usfpéiste Abderrafiî Jouahri et Omar Jazouli (UC). La ville ocre suscite les convoitises des plus grands partis politiques. Tous n'ont d'yeux que pour le prestigieux titre de maire de Marrakech. La carte politique qui a résulté des élections communales de vendredi dernier laisse la porte ouverte devant toutes les possibilités. Aucun parti n'a pu obtenir la majorité relative lui permettant d'être à l'écart du jeu des alliances. Un jeu qui passionnera certainement l'opinion publique marrakchie durant les quelques jours à venir, période durant laquelle plusieurs personnalités et notables de la ville mèneront une lutte acharnée pour le titre. Le plus en vue n'est autre que le ministre istiqlalien de l'Artisanat et de l'Economie sociale, M'hamed Khalifa. L'ancien président de la commune urbaine de 1977 à 1983 lorgne le poste du président du Conseil de la ville depuis un certain temps déjà. Mais c'est une mission qui est loin d'être de tout repos pour le ténor istiqlalien. Marrakech, bastion traditionnel du parti de Feu Allal EL Fassi pourrait facilement pencher vers une autre formation politique, et ce malgré la première place obtenue par ces derniers à l'issue du scrutin du 12 septembre dernier. Sur un total de 81 sièges, le parti conservateur a pu obtenir 15. « Un émiettement » que le clan Khalifa n'a cessé de déplorer depuis l'annonce officielle des résultats. « Que l'Istiqlal arrive en tête des formations politiques en lice à Marrakech est une chose tout à fait normale qui ne fait que confirmer les résultats qu'il avait réalisés une année auparavant lors des élections législatives. Mais ce qui est à déplorer, c'est l'émiettement de la carte politique locale à l'issue de ce scrutin », estime Ahmed Khalil Boucetta, second de la liste istiqlalienne à l'arrondissement Marrakech-Ménara. Et d'ajouter : « sur les 81 sièges disputés, quatre ou cinq partis uniquement ont pu en remporter la moitié. Les quarante autres sièges ont été éparpillés sur une quinzaine de formations politiques ». Pour le parti de Abbas El Fassi, l'objectif de 41 sièges nécessaires pour pouvoir présider le Conseil de la ville est donc loin d'être atteint, ce qui laisse la place aux alliances stratégiques, notamment avec le Parti de la Justice et du Développement. Avec ses six sièges, le parti islamiste se positionne en grand allié istiqlalien. En seconde position arrive l'USFP qui a totalisé 11 sièges. Le parti de Abderrahmane Youssoufi mise également gros sur Marrakech en la personne de son député et membre du bureau politique, l'écrivain poète et journaliste Abderrafiî Jouahri, même si ce dernier s'est montré prudent en ne voulant ni confirmer ni infirmer sa candidature. « Le parti n'a toujours pas décidé de la personne à présenter », a-t-il dit. C'est que pour pouvoir dépasser son frère ennemi, l'USFP devrait multiplier les contacts, avec les formations de gauche, le FFD (7 sièges), le PPS et le PSD (une seule voix chacun), mais aussi avec les partis de la majorité. Au jeu des alliances, une troisième personnalité en lice pour la présidence du Conseil de la ville excelle également. Il s'agit de Omar Jazouli, président sortant de la communauté urbaine et de la commune de Marrakech-Médina. Le modeste score réalisé par l'Union Constitutionnelle (5 sièges) n'affaiblit en rien ses chances. « Je suis très optimiste quant à l'issue de ces élections », déclare-t-il d'emblée. L'homme sait certainement de quoi il parle puisque ses négociations avec d'autres formations, de gauche comme de droite, « avancent bien ». Mais ceci ne l'empêche pas d'évoquer les difficultés qu'il ne cesse de rencontrer pour réunir les 41 voix, difficultés dues à l'éparpillement des voix sur plusieurs formations politiques. « Prenez l'exemple de l'arrondissement de la Médina. Sur les 19 sièges disputés, quatre partis ont remporté deux sièges chacun. Onze autres partis ont récolté les onze restants. Négocier avec quinze partis n'est pas une partie de plaisir. », explique-t-il tout en tenant à préciser que les personnes qui le soutiendront le feraient pour sa personne et non parce qu'il est affilié à l'UC.