Ministres députés ou membres des bureaux politiques de leur parti, ils visent tous le même objectif : la mairie des grandes villes du Maroc. La plupart sont de l'Istiqlal. Tous affichent les mêmes ambitions, mais avec des arguments différents. Ils sont de vieux routiers de la politique. En se présentant aux communales de vendredi dernier, ils ne visaient qu'une seule chose, la mairie des plus grandes villes du Royaume. A Casablanca, trois ministres se disputent ce poste: l'Usfpéiste Khalid Alioua et les istiqlaliens Yasmina Baddou et Karim Ghallab. Le premier, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dont le parti a remporté 17 sièges vendredi dernier, a vraisemblablement été victime des divergences internes qui ont ponctué l'élaboration des listes électorales. Et pour cause, l'universitaire, ancien ministre de l'Emploi dans le premier gouvernement d'alternance, dont la candidature a été souhaitée par le bureau politique, a été très contesté localement. Du côté du parti de Abbas El Fassi, les choses sont un peu plus compliquées. Les deux ministres sont bien déterminés à arriver à leurs fins. D'un côté, Karim Ghallab, ministre de l'Equipement et du Transport. Après son entrée dans le gouvernement Jettou en charge d'un portefeuille très stratégique, ce technocrate, élu à S'bata, souhaiterait être le n°1 de la capitale économique du Royaume et n'hésite pas à mettre en exergue son parcours de polytechnicien capable d'assurer une bonne gestion de la métropole. D'un autre côté, Yasmina Baddou, avocate au barreau de Casablanca et secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Emploi, des affaires sociales et de la solidarité chargée de la famille, de la solidarité et de l'action sociale, a les mêmes visées. La fille de Abderrahmane Baddou, ancien secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, l'a emporté vendredi à son fief Anfa dont elle est députée. Mais les deux ministres ont un concurrent de taille dans la course au prestigieux titre de maire de la métropole, le dirigeant syndicaliste Abderrazak Afilal. Ce vieux renard de la politique, dont l'épouse, Mahjouba Zoubeïri, a été élue au sein de la même liste à Aïn Sbaâ, voit en la mairie de Casablanca une bonne escale dans sa longue carrière politique. Dans cette course se sont lancés également deux notables casablancais. Il s'agit du RNIste Saâd Abassi, président sortant et très contesté de la Communauté urbaine, et l'industriel Mohamed Sajid de l'Union Constitutionnelle. Ce dernier parti s'est en effet classé à la quatrième position avec un total de 11 sièges, talonné de près par le parti d'Ahmed Osmane (10 sièges). Rabat a également été un pôle d'attraction pour de grandes personnalités politiques nationales. Deux ministres y étaient en lice : Nabil Benabdellah, ministre de la Communication, tête de liste PPS à Agdal Ryad et Saïd Oulbacha, secrétaire d'Etat chargé de la Formation professionnelle, tête de liste du Mouvement Populaire au quartier tout aussi populaire de Yaâcoub Mansour. Si ce dernier semble bien parti à la conquête de la mairie de la capitale, aux côtés de Omar Bahraoui, ancien directeur général des Collectivités Locales, et actuel député du même parti, le premier a vu ses chances s'affaiblir. Le total de siège remporté par le PPS (7), contre 13 pour le MP, ne lui permet pas, sauf surprise, d'atteindre le poste. Mais c'est surtout l'USFP qui a misé gros sur Rabat. Il n'y a présenté que des ténors, tous membres de son bureau politique : le député Abdelkader Baïna à l'Agdal Ryad, l'ex-député Abdelhadi Khaïrat à Yaâcoub Mansour et l'actuel président du groupe à la Chambre des Représentants Driss Lachgar à Souissi. La concurrence sera également rude dans plusieurs autres villes, Marrakech et Fès en tête. La ville ocre d'abord où l'Istiqlal part en pôle positition puisqu'il y a remporté 15 sièges. Le plus grand favori à la mairie n'est autre que la grosse pointure du parti conservateur, M'hamed Khalifa, ministre de l'Artisanat et de l'économie sociale. «Notre parti a confirmé lors des communales les voix qu'il avait remportées une année auparavant lors des législatives. Il a ainsi retrouvé sa vraie place sur l'échiquier politique national », estime quant à lui Ahmed Khalil Boucetta, second de liste itiqlalienne à Marrakech-Ménara. Il en est de même pour la capitale spirituelle où les listes istiqlaliennes ont fait un ravage puisqu'elles ont réussi le très bon score de 23 siège, loin devant l'USFP (14 sièges). Le plus grand bénéficiaire en est bien sûr Mohamed Diouri, septuagénaire et non moins grand favori au poste de maire. Il sera toutefois dérangé par un autre istiqlalien, Mohamed Chabat, et le socialiste Abderrahim Filali Baba, président de commune depuis 1976. En tout cas, les dès ne sont pas encore jetés. Le jeu des alliances et des contre-alliances risque de réserver plus d'une surprise.