Alors que l'armée d'occupation israélienne entamait son retrait d'Al-Khalil (Hébron), qu'elle occupait depuis lundi matin, Tel-Aviv a maintenu mardi son veto à la venue d'une mission de l'ONU sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie. La venue de cette mission, chargée de déterminer ce qui s'est passé dans le camp de Jénine, a déjà été retardée à trois reprises. Les Palestiniens accusent l'armée israélienne de massacres et parlent de centaines de morts, ce qu'Israël. Tel-Aviv veut notamment pouvoir choisir les militaires qui témoigneraient devant la mission de l'ONU et exige que leurs témoignages ne puissent donner lieu à des poursuites pénales. Depuis une semaine, le Cabinet Sharon négocie la composition et surtout le mandat de « l'équipe d'établissement des faits » que l'ONU doit envoyer à Jénine en application de la résolution 1405 du Conseil de sécurité votée le 19 avril. Selon un diplomate américain, des experts américains et britanniques devaient également poursuivre leurs contacts à huis clos avec des responsables palestiniens pour appliquer un compromis américain, qui doit permettre la levée du siège du QG du président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat à Ramallah. « Israël a présenté des conditions cruciales afin que la mission (de l'ONU) puisse faire la lumière honnêtement, mais tant que ces exigences ne seront pas remplies, il n'est pas possible pour la mission de commencer son travail », indique un communiqué de la présidence du Conseil, publié à l'issue d'une réunion du cabinet de sécurité. Pour sa part, Shimon Peres, le ministre israélien des Affaires étrangères, a reconnu que le veto « place Israël dans une situation qui n'est pas simple », ajoutant que «si nous continuons à refuser, il risque d'y avoir une commission d'enquête internationale». Sur les ondes de la radio publique, le chef de la diplomatie israélienne a prévenu que «dans la journée (mardi), il doit y avoir une réunion du Conseil de sécurité qui peut prendre des mesures unilatérales contre nous et sans nous, en pensant que nous avons quelque chose à cacher ». De son côté, Yasser Abed Rabbo, le ministre palestinien de l'Information, a qualifié la décision israélienne de « scandale honteux » et appelé le Conseil de sécurité à prendre des sanctions contre Israël. Par ailleurs, Paris estime que « le déploiement de la mission d'enquête dans le camp de Jénine est très urgent. C'est important pour que soit établi ce qui s'est réellement passé », a déclaré mardi un porte-parole du Quai d'Orsay. A Beit Lahm, l'armée israélienne étudiait mardi en milieu de journée une liste de 28 personnes retranchées dans l'église de la Nativité, soumise par les Palestiniens qui demandent leur sortie. Il s'agit de 27 civils et d'un membre des forces de sécurité palestiniennes, qui est malade. Sur le terrain, un palestinien a été tué par un tir de char israélien sur le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza, blessant également un vieil homme. En outre, des unités de l'armée ont occupé pendant quelques heures le village de Chawara, près de Beit Lahm, et en sont parties en emmenant six Palestiniens. L'armée a également pénétré dans le village de Silat Al-Haratiya, près de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, où elle a capturé cinq membres du Jihad islamique.