Les associations Marocains Pluriels et La Sqala initiatrices du Café Politis – agora à l'air libre organisée le dernier jeudi de chaque mois – ont choisi de débuter l'année par une rencontre placée sous le signe de la spiritualité. Les sujets politiques et sociétaux reprendront toute leur place dès février, mais pour cette 18ème édition les organisateurs ont pensé que le Café Politis avait aujourd'hui atteint une maturité et une notoriété lui permettant de traiter ce sujet dans le respect des croyances de chacun, dans le désir de mieux connaître «l'Autre», dans l'envie de mieux vivre ensemble et dans la volonté d'offrir aux jeunes générations une vision saine et apaisée des religions. En fait, de tout temps le Maroc a été une terre où compatriotes musulmans et juifs ont vécu en parfait voisinage et en harmonie et où les chrétiens y étant installés vivent leur religion dans le respect et la paix. Pourtant notre pays ne vit pas coupé du monde et dans bien des contrées proches ou lointaines la jeunesse est confrontée aux montées du rejet d'autrui, de l'intolérance, des racismes, des conflits…Notre jeunesse n'est pas épargnée par ces images diffusées via les médias ou Internet et où l'Autre, celui qui a une croyance différente, devient un ennemi. Au nom des religions que ne commet on pas ! Tant d'initiatives – partout – ouvrent tellement de possibilités à la haine, au rejet, à l'intolérance de s'exprimer sans vergogne, que ce Café Politis fait clairement le choix de laisser la parole à cette part d'humanité qui est en chacun de nous. Le jeune musulman ne connaît aujourd'hui le plus souvent le juif ou le chrétien qu'à travers un prisme déformant, l'inverse étant tout aussi vrai : le jeune chrétien et le jeune juif n'ayant l'un de l'autre, ou n'ayant du jeune musulman qu'une vision négative, dans la majorité des cas… Le Maroc est – et demeure – malgré la dureté des temps la terre où «cela est possible», où la diversité est le patrimoine, le terreau, qui permet aux musulmans, aux juifs, aux chrétiens de «vivre ensemble». On ne peut cependant se contenter de dire cela et de garder les bouches cousues et les bras croisés, il faut prendre la parole et agir pour préserver cela, il faut échanger, convaincre pour dépasser les tentations de repli, les a-priori, les rancunes ! Il faut favoriser les rencontres, le dialogue pour mettre en avant ce qui rassemble plutôt que ce qui divise et donner la possibilité aux femmes et hommes de bonne volonté – de ces 3 confessions- de s'adresser aux jeunes générations avec un discours qui trace la voie. Les générations qui nous précèdent nous ont laissé cette richesse en héritage, ne le laissons pas se dilapider, or si nous n'œuvrons pas concrètement, cette source à laquelle nous devons permettre aux jeunes de s'abreuver, se tarira. Il est de notre responsabilité de montrer que les religions ont pour objectif de rapprocher et non de haïr, et qu'au Maroc nous avons une responsabilité particulière en la matière : celle de permettre que nos ancêtres, notre pays soient fiers de ce que nous aurons réussi à faire de cette tolérance qu'ils nous ont donnée en partage.