Ce mot peut-être ne le connaissez-vous pas, peut-être même ne l'avez-vous jamais entendu, en fait il a été prononcé il y a quelques jours, plus précisément, lors d'un Café Politis exceptionnel consacré au «Maroc et les 3 religions du Livre». Ce magnifique mot «convivance» a été proposé par Serge Berdugo - Président du Conseil des communautés israélites marocaines, devant plus de 350 personnes -dont une majorité de jeunes- de toutes confessions, devant l'Archevêque de Rabat Vincent Landel, Rabbi Jaquy Sebag Rabbin de la synagogue Névé Shalom, Si Omar Mohcine président du Conseil des ouléma de Casablanca et Faouzi Skalli, penseur et écrivain. C'est d'ailleurs Monseigneur Landel qui a lancé le sujet en expliquant pourquoi le mot «tolérance» ne lui semblait pas le meilleur, en ce sens qu'il pouvait vouloir dire «je te tolère mais cela ne signifie pas que je t'accepte pleinement». Le concept de «convivance» a aussitôt fait l'unanimité, tant dans la salle qu'à la tribune ! Cette rencontre, organisée par l'Association Marocains Pluriels, en partenariat avec l'association Sqala, avait pour objectif de passer du constat «Maroc terre de tolérance» à l'action concrète -notamment avec la jeunesse- afin de préserver cette richesse mais aussi de lui redonner du souffle ! Au moment où le rejet de l'Autre, les conflits, la montée des racismes, la tentation du repli sont en pleine expansion, au moment où les chaînes satellitaires, voire le Web véhiculent tant d'images de haine, cette esplanade de la Sqala a fait souffler un vent de spiritualité, de paix, d'espoir (sans pour autant verser dans la langue de bois) qui allait bien au-delà de l'assistance réunie ce soir-là ! Si une définition aussi juste que possible pouvait être donnée du terme «convivance», il pourrait être «le mot le plus doux qui soit dans une société menacée par le manque de respect et de considération du prochain». Si ce Café Politis a été l'occasion pour chacun(e)s des présents-toutes origines confondues, toutes religions mêlées - d'entendre des mots qui faisaient appel à notre humanité, il a aussi permis de prouver deux choses s'il en était besoin : la première est que seul le Maroc peut aujourd'hui abriter une telle rencontre, en plein air, en totale confiance, en liberté, permettant à chacun de se transcender… la deuxième étant la grande liberté d'expression atteinte qui permet d'exprimer opinions, doutes, espoirs, craintes en toute responsabilité… quel autre pays de notre environnement peut aujourd'hui se féliciter de ces atouts ? Aucun malheureusement ! Préservons cela, préservons notre diversité, préservons notre faculté de nous ouvrir à l'Autre, donnons du souffle à cet héritage de partage qui nous a été légué, faisons vivre nos valeurs… pour cela ne restons pas bouches cousues, ne restons pas bras croisés, c'est le challenge qui a été relevé ce soir là par une douzaine de (très) jeunes garçons et filles qui ont annoncé la naissance des «MPJ» (les Marocains Pluriels Juniors) prenant le défi de faire vivre la convivance et l'engagement au cœur de notre jeunesse ! Puisse l'esprit qui a soufflé sur l'esplanade de la Sqala les porter haut, loin et fort... Notre choix clairement assumé est de donner la possibilité aux femmes et hommes de bonne volonté et désireux de mettre en avant ce qui rassemble plutôt que ce qui divise, de le dire et de le montrer... Tant d'autres initiatives - partout - ouvrent tellement de possibilités à la haine et au rejet de l'Autre de s'exposer sans vergogne, que vous nous concéderez ce choix de - pour une fois - laisser la parole à «l'humanité» qui est en chacun de nous.