Estimant qu'au regard du présent, «l'on voit le degré zéro du Maghreb, avec notamment la frontière algéro-marocaine fermée unilatéralement par l'Algérie depuis 1994», Assia Alaoui affirme qu'au regard de l'avenir, le nombre d'interrogations «laisse peu de place à l'optimisme». A Tunis, Assia Alaoui, directrice de recherches au Centre d'études stratégiques à Rabat, n'y est pas allée avec le dos de la cuillère. «Livrés à eux mêmes, les pays de l'Afrique du Nord n'ont pas pu, n'ont pas su ou pas voulu construire le Maghreb», a-t-elle martelé dans sa communication intitulée : «Le Maghreb à l'horizon 2005». Une communication que Mme Alaoui avait faite dans le cadre du 5-ème forum international, qui s'est tenu du 24 au 26 avril dans la capitale tunisienne sur le thème «Le Maghreb et l'Europe : une vue à moyen terme». Et d'ajouter que le «replâtrage qui a permis à l'UMA (Union du Maghreb Arabe) de se constituer allait vite se craqueler sous la charge combinée de la montée de périls internes, avec une crise ouverte en Algérie, des sanctions contre la Libye et la persistance de la mésentente entre le Maroc et l'Algérie». Assia Alaoui devait aussi relever que «la réalité sur le terrain relègue le Maghreb au rang de l'utopie et au regard de l'histoire, l'on constate que le mythe Maghreb, si mobilisateur pour les libérations nationales, s'est brisé sur le roc des souverainetés recouvrées». Et de se demander comment peut-on assurer la libre circulation des biens, des services et des opérateurs «avec une frontière fermée et dans la suspicion, voire l'hostilité» ? Elle s'est également posé la question de savoir si l'Union européenne avait la volonté politique réelle de hisser le partenariat au niveau d'effectivité requis, au delà du marketing politique, estimant que dans l'hypothèse de l'UE catalyseur de l'intégration Sud-Sud , c'est la déclaration d'Agadir qui initie une zone de libre échange entre pays arabes signataires d'un accord d'association euro-méditerranéen (AAEM) qui semble la plus pertinente. Dans ce cadre, elle s'est demandé si les pays du Maghreb étaient prêts à s'atteler individuellement et collectivement à leur réforme intérieure afin d'assurer les mises à niveaux nécessaires s'ils ne veulent pas être balayés par la zone de libre échange. Pour sa part, Hassan Abouyoub, ambassadeur du Maroc à Paris, a précisé que «pour que le projet maghrébin se fasse, il faut établir la confiance entre Maghrébins et mettre un terme aux conflits latents ou patents qui freinent la réalisation de l'idéal maghrébin». M. Abouyoub a présidé dans le cadre de cette rencontre de Tunis une table ronde sur «le commerce entre l'Europe et le Maghreb en 2005». Les participants y ont notamment abordé la disparité entre l'Europe et le Maghreb au niveau du développement, le désarmement douanier et l'impératif d'ouvrir les marchés européens aux produits agricoles des pays du Sud et d'intensifier les échanges inter-maghrébins.