Sharon laisse entendre que l'offensive des troupes israéliennes pourrait s'étendre à la bande de Ghaza. Les Israéliens sont réticents sur la mission de l'ONU à Jénine et Moubarak adopte un ton dur à l'égard des atrocités commises par Israël. Devant les membres de la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense qui siégeait à huis clos, le Premier ministre a indiqué qu' « il ne serait pas judicieux de révéler où et quand nous entendons intervenir ou ne pas intervenir, mais il n'y aura pas de sanctuaire pour les terroristes». A trois reprises durant cette réunion, Sharon a souligné que l'armée israélienne avait jusqu'à présent épargné la bande de Ghaza et que les attentats palestiniens dans cette région avaient néanmoins continué. Selon les médias, Ariel Sharon s'est par ailleurs félicité des résultats de l'offensive «Rempart», soulignant qu'elle avait abouti à l'arrestation de «1.800 détenus sérieux, dont une centaine de tout premier plan». Selon lui, les interrogatoires de ces prisonniers devraient favoriser «d'autres arrestations et permettre de déjouer des attentats terroristes». D'autre part, des délégués d'Israël devaient se rendre mercredi à New York pour discuter d'une mission de l'ONU à Jénine, tandis que le statu quo prévalait à la Nativité à Beit Lahm et que le président palestinien Yasser Arafat devait recevoir Javier Solana, le responsable de la diplomatie de l'Union européenne et Miguel Angel Moratinos l'envoyé spécial de l'UE au Proche-Orient. Les deux hommes devaient ensuite s'entretenir avec les ministres israéliens de la Défense et des Affaires étrangères Binyamin Ben Eliezer et Shimon Peres. Le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a accepté mardi soir de reporter le départ de la mission d'établissements des faits dans le camp de Jénine, afin d'entendre le point de vue israélien. Cette mission dirigée par l'ex-président finlandais, Martti Ahtisaari, devrait compter une vingtaine de personnes, dont Sadako Ogata, ex-Haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés et Cornelio Sommaruga, ex-président du comité exécutif du CICR et le général américain à la retraite William Nash. Saëb Erekat, le principal négociateur palestinien a estimé qu'Israël, par ses atermoiements, fait la preuve qu' «il a quelque chose à cacher». Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'est réuni mardi à huis clos, a demandé à Israël qu' «aucun mal» ne soit fait à M. Arafat et «qu'il retrouve sa liberté de déplacement et puisse assumer ses fonctions». Des représentants d'Israël et des Palestiniens devaient se rencontrer à nouveau mercredi à 16h00 locales (13h00 GMT) pour tenter de mettre fin au siège depuis trois semaines de la Basilique de la Nativité à Beit Lahm. Pour sa part, Shimon Peres a prédit un retrait approximatif des forces israéliennes de Cisjordanie d'ici la fin de la semaine et assuré que son pays n'avait rien à cacher à l'ONU concernant les combats au camp de Jénine. Pour sa part, le président égyptien Hosni Moubarak a dénoncé mercredi l'offensive israélienne en Cisjordanie accusant l'Etat hébreu d'avoir «dépassé toutes les limites en assiégeant la Basilique de la Nativité et en violant atrocement les droits de l'Homme dans les villes palestiniennes, notamment dans la ville et le camp de Jénine». Dans un discours à l'occasion du 20ème anniversaire du retrait israélien du Sinaï après la conclusion d'un traité de paix égypto-israélien en 1979, M. Moubarak a ajouté qu' «Israël commet une faute en continuant à défier la volonté internationale, en comptant sur le laxisme de certaines puissances internationales qui ont abandonné leur responsabilités mondiales, au profit d'intérêts étroits et temporaires». Le chef de l'Etat égyptien a aussi accusé Tel-Aviv de justifier ses opérations «sous le prétexte de lutter contre le terrorisme et se basant sur des explications qui mettent sur le même plan résistance palestinienne légitime à l'occupation et terrorisme».