Après avoir évacué deux villes, l'armée israélienne s'est retrouvée mardi face à une intense résistance à Jénine où de violents combats se poursuivent. Après Agadir et Le Caire, Colin Powell est attendu ce mercredi à Madrid. L'armée israélienne a fini par se retirer mardi de Kalkiliya et de Tulkarem dans le Nord de la Cisjordanie, tout en continuant à les encercler. Faisant le dos rond aux exigences américaines et à l'impatience manifestée par George W. Bush, l'Etat hébreu a ainsi voulu faire part de sa bonne volonté. Le chef de la Maison blanche a d'ailleurs lui-même vu dans ce retrait, le « début » de la réponse à apporter à ses demandes. Le principal négociateur palestinien Saëb Erakat a pour sa part déclaré qu'il ne s'agissait pas d'un «véritable retrait », puisque les chars continuaient de menacer les deux localités. Reste que, malgré ce « redéploiement », quatre villes palestiniennes étaient encore sous contrôle israélien : Ramallah, Beit Lahm, Naplouse et Jénine. Et c'est dans cette dernière, un camp de réfugiés situé au Nord de la Cisjordanie, que les combats ont été les plus violents ce mardi. Les occupants, qui ont lancé le premier assaut le 6 avril, ont reconnu que dix de leurs soldats avaient été tués et huit autres blessés dans les affrontements, la plus lourde perte pour l'armée israélienne depuis le début de ses incursions, le 29 mars dernier. La radio officielle a précisé que quelques centaines de combattants palestiniens armés, commandés par deux chefs locaux du Jihad islamique – Mahmoud Nousri Tawalbeh et Iyad Safari -, étaient retranchés dans le camp. Une centaine de Palestiniens se sont même retrouvés piégés dans un bâtiment que les chars et hélicoptères ont pilonné à plusieurs reprises. Selon Abou Hussein, un résident du camp « 20 femmes et beaucoup d'enfants » avaient fui dans ce bâtiment « après que l'armée israélienne eut détruit leurs maisons ». Dans le sud de la Cisjordanie, l'armée a par ailleurs occupé mardi à l'aube la localité de Doura, au sud d'Hébron, où deux Palestiniens ont été tués et un autre grièvement blessé. A Beit Lahm, les troupes ont à nouveau appelé mardi matin les 200 combattants palestiniens et 30 civils retranchés dans la basilique de la Nativité, à se rendre. Côté diplomatique, Ariel Sharon a dû se résoudre, sur les conseils de l'émissaire américain Anthony Zinni, à laisser quatre responsables palestiniens rencontrer leur président toujours assiégé dans ses bureaux à Ramallah. Le négociateur Saëb Erakat, le numéro deux de l'OLP Mahmoud Abbas, le colonel Mohammad Dahlane, chef de la sécurité préventive dans la bande de Ghaza, et Ahmed Qoreï, président du Conseil législatif palestinien, devaient donc rencontrer Yasser Arafat, de même qu'Anthony Zinni, d'ici mercredi. « Après cet (unique) entretien, Arafat n'aura plus d'excuse pour ne pas lutter contre le terrorisme » a indiqué un responsable israélien, ajoutant que « jusqu'à présent, en effet, il ne cessait de proclamer qu'il ne pouvait rien faire sous prétexte qu'il ne pouvait pas consulter ses conseillers et transmettre ses instructions à ses services de police ». L'envoyé spécial de Washington, Colin Powell, s'est pour sa part rendu ce mardi au Caire pour rencontrer le président égyptien Hosni Moubarak. Ce dernier devait lui tenir des propos semblables à ceux formulés la veille, à Agadir et à Casablanca, par le Roi Mohamed VI, puis le prince saoudien Abdallah Ben Abdel Aziz, qui a vivement critiqué l'attitude américaine. M. Moubarak entendait ainsi réaffirmer les deux demandes pressantes des pays arabes : l'arrêt immédiat de l'offensive israélienne, et l'exclusion de l'option d'une direction alternative à celle de Yasser Arafat. Le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Maher avait par ailleurs déjà souligné lundi qu'il était «important que les Israéliens ne réussissent pas à convaincre les Américains qu'ils mènent avec eux une même bataille contre le terrorisme ». Colin Powell, est enfin attendu ce mercredi, à Madrid, pour participer à une réunion sur la crise au Proche-Orient. Ce sommet doit réunir le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan, les chefs de la diplomatie européenne, Javier Solana, espagnole, Josep Piqué, et russe, Igor Ivanov.