A l'issue de la rencontre mercredi à Rabat entre le ministre de la Justice, Mohammed Bouzoubaa, et son homologue espagnol, Juan Fernando Aguilar, il été convenu de l'installation de magistrats de liaison entre Rabat et Madrid. Chaque jour qui passe apporte son lot de projets de coopération entre le Maroc et l'Espagne. Le dernier en date concerne la justice. Le ministre espagnol de la Justice, Juan Fernando Aguilar, a effectué mercredi une visite de travail au Maroc au cours de laquelle il a évoqué avec son homologue marocain, Mohammed Bouzoubaâ, une relance de la coopération judiciaire entre Madrid et Rabat. Lors d'un point de presse, donné conjointement par les deux ministres, il a été annoncé l'installation d'un magistrat de liaison espagnol au ministère de la Justice marocain, et réciproquement. Les deux magistrats de liaison auront respectivement un bureau à Madrid et à Rabat. Ils ont pour mission de faciliter l'instruction des dossiers d'intérêt commun et de résoudre les problèmes en suspens. Un responsable au ministère de la Justice a confié à ALM : «Le même programme existe entre le Maroc et la France. Il a accéléré l'échange d'informations entre les deux pays et les procédures d'extradition». A cet égard, le ministre marocain a donné des précisions sur les procédures d'extradition des criminels entre les deux pays. Rien qu'en 2003, la justice espagnole a demandé l'extradition de cinq personnes. Trois demandes ont reçu une réponse favorable, la quatrième est en cours d'étude et la cinquième a été refusée du fait que la personne concernée porte la nationalité marocaine, «ce qui rend impossible son extradition vers un autre pays». Le Maroc a de son côté formulé la demande d'extradition de treize personnes, explique le responsable au ministère de la Justice. Il ajoute que seulement la demande d'extradition de deux d'entre elles, a été favorablement accueillie. Pour rendre opérationnelles ces mesures, les ministres de la Justice du Maroc et de l'Espagne ont convenu de la création d'une commission mixte qui se réunira le 15 juillet à Madrid. Par ailleurs, la mise en place du système de magistrat de liaison intervient un peu plus de deux mois après les attentats de Madrid du 11 mars où 16 Marocains ont été inculpés. La coopération antiterroriste est au cœur de la visite du ministre espagnol de la Justice. Il a affirmé que l'échange d'informations entre les deux rives de la Méditerranée permettra d'«éviter les massacres et les crimes horribles comme ceux qui ont eu lieu à Casablanca et Madrid». Outre la lutte antiterroriste, la coopération judiciaire entre le Maroc et l'Espagne se renforcera autour de trois axes : l'immigration clandestine, la modernisation de la justice marocaine (notamment à travers la formation des magistrats) et le trafic de drogue. Le ministre espagnol a expliqué que l'enquête sur les attentats du 11 mars a révélé qu'il existait «des connections entre le trafic de drogue et les auteurs des attentats de Madrid, d'où la nécessité d'échanger des informations». Il confirme ainsi les présomptions de ceux qui avaient trouvé louche l'implication de certaines personnes, qui menaient un mode de vie aux antipodes des supposées convictions au nom desquelles les attentats ont été perpétrés.