Les forces israéliennes ont tué treize Palestiniens dans la nuit de lundi à mardi, dans le camp de réfugiés de Rafah où se poursuit une vaste opération de l'armée israélienne. La communauté internationale est abasourdie. L'autorité palestinienne appelle le monde à intervenir pour mettre fin à cette « guerre d'extermination ». Des hélicoptères ont d'abord ouvert le feu sur un groupe d'activistes à couvert derrière un mur, causant la mort de trois d'entre eux. Au lever du soleil, les appareils ont à nouveau tiré plusieurs missiles sur le camp de Rafah, tuant huit personnes alors que les forces au sol prenant position en bordure du camp ont tué quatre autres. La treizième victime est tuée dans la nuit dans l'explosion d'une charge qui devait servir dans une attaque contre l'armée. Un des raids a endommagé le mur d'enceinte d'une mosquée dont la bibliothèque a été brûlée, selon des témoins. L'objectif de l'opération, selon les Israéliens, était la destruction de tunnels utilisés pour la contrebande d'armes en provenance d'Egypte et l'élargissement d'une zone de sécurité que l'armée contrôle le long de la frontière avec l'Egypte. Déjà dans la journée du lundi, les forces israéliennes avaient bouclé les accès du camp en prévision d'une probable incursion de grande envergure pour laquelle les activistes ont préparé bombes et embuscades. Plusieurs centaines de Palestiniens ont quitté les lieux avant l'arrivée des bulldozers. Par ailleurs, un Palestinien armé a été tué mardi matin lors d'affrontements avec des soldats israéliens dans la vieille ville de Naplouse dans le nord de la Cisjordanie, selon des responsables des services de sécurité palestiniens. Les faucons à la tête de l'Etat hébreu, dont la soif de la vengeance n'est jamais assouvie, ne pensent apparemment qu'à l'escalade faisant fi des appels de la communauté internationale. Les ministres des Affaires étrangères de l'UE avaient diffusé un communiqué exhortant Israël à mettre fin immédiatement à de telles démolitions, ajoutant qu'elles constituaient une violation des « obligations » incombant à l'Etat hébreu conformément au plan de paix international. Mais malgré l'inquiétude exprimée par la communauté internationale au sujet des destructions d'habitations lors des précédentes incursions, les autorités israéliennes ont menacé de poursuivre les démolitions pour neutraliser les extrémistes et mettre un terme à la contrebande d'armes. Le haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), Javier Solana, a condamné mardi l'intervention israélienne menée dans la bande de Gaza, jugeant que les démolitions de maisons palestiniennes allaient à l'encontre de « l'esprit et de la lettre » de la “feuille de route”, le plan de paix élaboré par le Quartette (Etats-Unis, Russie, UE, ONU). « Ce qui se passe maintenant à Gaza est une chose que nous devons condamner et condamner très fortement », a déclaré M.Solana. Ce dernier a également précisé que l'UE était disposée à aider Israël dans son retrait de Gaza, conformément au plan proposé par le Premier ministre Ariel Sharon. Nabil Abou Roudeina, principal conseiller de Yasser Arafat, a appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité de l'Onu à intervenir d'urgence pour mettre fin aux massacres et destructions auxquels se livre Israël. Mais les appels de la communauté internationale ne sont pas à même de faire ciller l'armée israélienne, puisque le général Moshe Yaalon, chef d'état-major, a affirmé à des journalistes que l'opération durera le temps qu'il faudra.