Le comité exécutif de la FIFA a préféré l'Afrique du Sud au Maroc pour l'organisation du Mondial 2010. Notre candidature comptait sur les différents soutiens qui lui étaient exprimés en Amérique du Nord notamment, mais qui se sont désistés à la dernière minute. Explications. Joseph Blatter, le tout puissant président de la FIFA, ouvrant un pli remis par un notaire public suisse et contenant le nom du pays hôte de la Coupe du monde, a était le héros d'une pièce de théâtre, retransmise en direct sur plusieurs chaînes de télévision africaines et internationales. Le président de l'instance internationale, qui s'est exprimé alternativement en français et en anglais, voulait montrer au monde entier un nouveau visage de la FIFA, celui de la transparence et des valeurs universelles du football, sport de tous les peuples. Il y a réussi à la perfection, faisant passer une élection dont le résultat a été décidé il y a près de quatre années alors que l'Afrique du Sud échouait face à l'Allemagne à accueillir le Mondial 2006, pour une décision que le comité exécutif de la FIFA a prise en âme et conscience après avoir étudié les dossiers et les chances de tous les candidats. Son show a été applaudi par tout le monde. Même les Marocains, qui ne comprenant pas la logique suivie lors de cette élection, ont tout de même félicité les Sud-africains, avec fair-play. Ce que les écrans de télévisions ont également montré est la folle joie des Sud-africains, journalistes et membres de la délégation officielle, qui sont venus fêter une victoire dont ils étaient très sûrs. L'image de Nelson Mandella, brandissant le trophée de la Coupe du monde, a fait le tour du monde. Mais ce que ces millions de téléspectateurs qui ont suivi en direct la cérémonie de désignation du premier pays africain qui abritera le Mondial de football n'ont pas vu, est l'état de quelque 300 Marocains qui se sont déplacé à Zurich avec un seul espoir, celui de ramener au Royaume l'honneur d'être le noyau du monde durant tout un mois en 2010. Jeudi durant toute la matinée, l'aéroport Mohammed V, paré des couleurs et du logo de «Morocco 2010» était leur point de rassemblement avant l'envol vers le rêve. Le vol de la Royal Air Maroc, qui a décollé à 13h10 GMT à destination de la ville suisse, avait à son bord toute la délégation officielle marocaine, notamment les deux ministres Karim Ghellab et Mohamed El Gahs, ainsi que Saâd Kettani, responsable du dossier marocain et Hosni Benslimane, président de la FRMF. L'ambiance était très décontractée. Tout le monde semblait sûr de l'issue de ce périple au pays de Joseph Blatter. A l'aéroport, cette atmosphère de fête s'est accentuée avec l'accueil chaleureux que plusieurs Marocains résidant en confédération helvétique ont réservé à la délégation marocaine. L'optimisme a atteint son paroxysme vendredi soir. La présentation marocaine était de loin la meilleure. Concise, précise, complète et très imaginative. Le jeu des différentes clés offertes par le Maroc, notamment celle du Royaume, présentée par SAR le prince Moulay Rachid, a séduit plus qu'un. La délégation marocaine, qui s'est rendue directement du FIFA Home au World Trade Center (WTC), où a été installé le centre de presse, a été prise d'assaut par les représentants de la presse internationale qui couvraient l'événement. Déclarations, interviews ou simples entretiens ont ponctué cet après-midi que les Marocains ont également passé à suivre les présentations des autres candidats. Leur sortie comme leur entrée ne sont pas passées inaperçues, comme celle d'ailleurs d'un grand homme du football mondial, le Kaizer Franz Beckenbauer, qui n'a suivi que la présentation marocaine. Vendrdi soir, un dîner officiel a été organisé à l'hôtel Mariott, où résidait une bonne partie de la délégation marocaine. Il y avait les membres de la délégation officielle, ceux qui ont été admis à l'auditorium de la FIFA pour le « show final » de l'après-midi. Il y avait également tous les journalistes qui ont fait le déplacement à Zurich, et dont le nombre a atteint 70, des ministres, des parlementaires, des hommes d'affaires et toute la famille du sport national. Tous ne parlaient que du succès retentissant du show marocain et des chances, jamais aussi grandes de notre pays de se voir offrir la Coupe du monde. Une information, confirmée par plusieurs officiels marocains, a ajouté à cette atmosphère de fête. L'ancien président de la FIFA, le Brésilien Joao Havalenge, qui garde toujours son pouvoir intact au sein de la famille du football mondial, a déjeuné vendredi avec Saâd Kettani et compagnie. Une rencontre qui voulait dire beaucoup de choses vu le poids de la CoNmbol, confédération de l'Amérique du Sud, dans la prise de décision finale. A 22h, heure à laquelle Saâd Kettani a rejoint la salle de l'hôtel zurichois, le Maroc disposait de 13 voix. Les dix qu'il a finalement pu avoir le lendemain lors du vote, en plus de ceux de la Concacaf, ce qui signifie une victoire dès le premier tour. Cet optimisme a duré jusqu'au matin. Au centre de presse du WTC Zurich, les journalistes et officiels marocains ont commencé à affluer en grand nombre. Mais tout a changé une heure pratiquement avant l'heure retenue pour la conférence de presse de Joseph Blatter. Le bruit d'une élection en un seul tour a commencé à circuler. Cela voulait dire une victoire écrasante d'un seul candidat. Les journalistes sud-africains se mettaient alors à se féliciter, faisant sortir leurs trompettes, pour fêter un événement qu'ils ont manqué de près en 2000. La mine de la délégation marocaine, qui est arrivée au WTC à cet instant même, a confirmé la victoire finale du pays de Mandella, connue une heure à l'avance de la part de tous, sauf de Joseph Blatter, qui, comme il l'a déclaré au début de la conférence de presse, n'en savait rien. Le reste, tout le monde l'a suivi en direct.