On en croise de plus en plus de nos jours. Elles sont là, sillonnant les boulevards et ne passant pas inaperçues. Des jeunes filles et femmes, arborant des silhouettes si fines qu'on à l'impression de voir à travers. Fait troublant, ces mêmes personnes-là cherchent à mettre en valeur, non pas leurs rondeurs, mais leur minceur. Est-il devenu de nos jours un atout de beauté d'outrepasser les normes? S'agirait-il d'anorexie? Et si c'est le cas, ces personnes sont-elles conscientes de la gravité de cette tendance ? A voir le bouquet de femmes que proposent les médias avec des mensurations à faire saliver les plus puritains, on se dit que cela attiserait même la convoitise des boulimiques. Aussi, au fil du temps et des générations, la définition de la beauté prend d'autres dimensions. Avant, une femme, avec quelques rondeurs, de belles cuisses, des joues bien remplies, était l'image de la femme modèle. Or, de nos jours, on aura plutôt tendance à se moquer de cette même femme en la traitant de «grosse». Tout le monde est conscient du choc et de l'effet que peut provoquer ce mot chez une femme, à qui il ne reste plus à ce moment qu'à se tourner vers un régime alimentaire. Et c'est là que tout commence. Elle suivra le régime qui ne donnera pas nécessairement un prompt résultat, et donc elle commencera à se priver d'un repas, puis deux et puis elle se retrouvera en pleine anorexie. Celle-ci est définie comme étant un symptôme qui correspond à une perte d'appétit conduisant à des troubles de malnutrition. «Cette maladie touche davantage les filles que les garçons. Cela est dû au changement physiologique et hormonal de la jeune fille qui a du mal à supporter les modifications de son corps, notamment la prise de poids. Ce qui la pousse à prendre des précautions liées à la nutrition», nous déclare le nutritionniste Nabil El Ayachi. Aussi, il est indispensable de faire la différence entre l'anorexie et l'anorexie mentale. Cette dernière est plutôt liée à des facteurs «psychologiques et socioculturels au cours desquels il n'y a pas de perte d'appétit mais une lutte active contre la faim». Un trouble émotionnel, un choc sentimental, une défaite dans un projet de vie, tout cela conjugué à une image de soi qu'on veut parfaire, conduit la jeune fille à l'anorexie mentale. En somme, l'anorexie rend la santé chancelante et peut provoquer des dégâts physiques importants se manifestant par des insomnies, l'aménorrhée (disparition des règles pour les femmes), chute de tension, sensation de froid permanente… Au Maroc, l'anorexie est bel et bien présente, mais ignorée. «Il ne faut pas cacher la poussière sous le tapis, l'anorexie est présente dans notre société. Nous recevons de plus en plus de cas de jeunes filles anorexiques et qui ne savent même pas qu'elles en sont victimes», déclare Dr El Ayachi. In fine, il faut savoir que le la beauté n'est pas de mutiler son corps et le bonheur n'est pas intrinsèque au tour de ceinture.