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Lolitas marocaines en mal de poids
Publié dans L'observateur du Maroc le 25 - 06 - 2010

On pensait que l'anorexie mentale était l'apanage des stars de la mode. Là-bas, de l'autre côté de la Méditerranée, où les mannequins de 16 ans meurent de faim pour devenir top model. Plus loin encore, de l'autre côté de l'Atlantique, où des centaines de «teenagers» en mal de vie suivent des cures de renutrition dans des cliniques spécialisées en troubles du comportement alimentaire (TCA), payées rubis sur l'ongle par des parents désemparés. On prend alors en pitié ces frêles adolescentes faméliques, la peau sur les os, les yeux globuleux et le teint livide. On ne les comprend pas, on plaint leurs parents, et on condamne aussitôt les prêcheurs médiatiques de la minceur à tout prix. Ici, chez nous, pense-t-on, au pays du couscous, de la mrouzia, du msemen et des thés ultra-sucrés, les saveurs du palais sont tout autant appréciées que les rondeurs des femmes qui les concoctent avec amour. De mère en fille, on se transmet ses secrets de cuisine comme ses secrets de beauté. On entretient sa chevelure de jais comme ses formes fermes et généreuses, symbole millénaire d'opulence et de fécondité…
Mais ce serait oublier que leurs idoles à ces mêmes filles ne s'appellent plus Faten Hamama,  Marylin ou BB, mais Lindsay Lohan, Britney Spears, Amy Winehouse, Paris Hilton ou encore Miley Cirus. Actrices, comédiennes, chanteuses, stars du show-bizz ou rentières oisives. Mais toutes de menues lolitas, n'excédant jamais les 36 de tour de taille, championnes en régime alimentaires draconiens et, souvent, record-girls dans les autres excès accompagnant quasi inéluctablement l'univers de la célébrité, alcool et drogues dures en tête. Car désormais la minceur qui, il y a 20 ans à peine, était associée à une «basse» extraction sociale, à une précarité économique et à une certaine androgynie rebutante, est aujourd'hui signe de richesse extérieure, de bien-être intérieur et de santé saine. Tout le contraire des gros et des obèses, taxés de paresseux, de gourmands, de laxistes et de mous, des défauts impardonnables dans une société de compétition : «Le monde est dur avec moi, je suis dur avec mon corps»… Exemple éloquent, en Belgique, 90% des cas d'anorexie sévères concernent des jeunes femmes de statut socio-économique élevé et vivant dans un environnement compétitif (source : www.momes.net). Une façon de montrer que plus on est aisé et/ou instruit, plus on sait maîtriser sa vie, et donc contrôler ses pulsions instinctives, l'alimentation en premier. Mais entre minceur normale et maigreur extrême, dans ce culte insensé de l'apparence et de la plastique parfaite, le pas est vite franchi par certaines personnes dites vulnérables. En l'occurrence les adolescentes et les jeunes femmes de moins de 30 ans (9 anorexiques sur 10 sont des filles), ainsi que quelques athlètes de haut niveau (danseuses, gymnastes, etc.), et, à l'évidence, les professionnels du cinéma, du théâtre, des médias et autres métiers publics. Le règne des libellules sur papier glacé a commencé auprès des petites marocaines depuis une  génération au moins. Cependant, rares sont les parents à prendre véritablement au sérieux ce fait de société. Jusqu'au jour où certains se retrouvent face à une situation qui les dépasse : «Notre fille, Rania, 16 ans aujourd'hui, a toujours été accro aux magazines de mode depuis son enfance. Je pensais que comme toutes les fillettes de son âge, elle rêvait de ressembler aux stars filiformes accrochées au mur de sa chambre. Je n'ai commencé à m'inquiéter que lorsque  j'ai vu qu'elle enchaînait les régimes trouvés sur internet, elle qui n'a jamais été particulièrement popote,  jusqu'à ne manger qu'une pomme par jour et à se bourrer de laxatifs. Elle fondait à vue d'œil, perdait des touffes de cheveux, sa peau pâlissait chaque jour davantage, mais paradoxalement, ses résultats grimpaient à l'école et elle multipliait les activités extrascolaires. Elle refusait toute discussion sur son état avec moi, encore moins avec son papa, souvent absent du fait de son business, et dont elle n'a jamais été très proche. Je n'ai mis un nom sur le mal dont souffrait mon enfant que le jour où, suite à une perte de connaissance dans son lycée, elle a été transportée à l'hôpital. Je m'en suis tellement voulu de ne pas avoir perçu son mal-être, occupée que j'étais par mon travail très prenant et son petit frère nourrisson, que je l'ai envoyée se faire soigner dans une clinique spécialisée à Londres. ça nous a coûté très cher à son père et à moi, mais le résultat est là. Après deux ans, Rania a repris un poids normal, et on surveille tous ses repas, cette épreuve a même ressoudé notre petite famille», confie Houria, 42 ans, auditrice. Néanmoins, si les premières victimes de ce trouble psychologique sont généralement les mêmes, ce serait aller vite en besogne que de blâmer les diktats de la mode actuelle comme uniques responsables de cette maladie tragique et méconnue. En effet, les facteurs à l'origine du déclenchement de ce trouble psychique sont nombreux et divers. L'anorexie peut ainsi être liée à des problèmes relationnels, des rapports conflictuels à son environnement en général, et au proche entourage en particulier. Cela est particulièrement vrai chez les ados. Vivant mal la métamorphose de leur physique et les bouleversements psycho-sociaux propres à cette période, les jeunes filles cherchent à retrouver leur corps d'enfant, comme un refuge contre le monde adulte, sa dureté, ses aléas et ses responsabilités. Chez d'autres, le refus de s'alimenter sera l'expression d'un manque de confiance en soi, d'un malaise plus profond ou plus ancien, réminiscence d'une maltraitance durant l'enfance, du deuil d'un parent ou d'un chagrin amoureux. Enfin, certaines femmes, notamment les plus âgées, tentent, en contrôlant leur poids, de contrôler un aspect de leur vie qui leur échappe. Ceci étant dit, quel que soit le catalyseur de l'anorexie mentale, celle-ci débute généralement par un régime ordinaire.
Comment reconnaître l'anorexie ?
Par le comportement obsessionnel de l'anorexique envers la nourriture d'abord : celui-ci mange très peu, fait tout pour éviter les repas familiaux et lorsqu'il s'attable, fuit comme la peste les aliments réputés grossissants, repoussant ses plats favoris d'avant, décortiquant et découpant les aliments en rations ridicules. Il se dit en outre très rapidement rassasié. L'anorexique est obsédé par son poids et a une vision déformée de son corps, qu'il perçoit comme gros ou obèse, alors qu'il est clairement mince, maigre, voire très décharné. Il cherche par ailleurs à se dépenser dans des activités physiques et/ou cérébrales intenses, à s'occuper le corps et l'esprit à tout prix, dans l'espoir d'éviter de penser à manger : «Les adolescentes anorexiques ont souvent un profil typique : élèves sans problèmes, elles recherchent les efforts soutenus tant intellectuels que physiques. Elles sont hyperactives et se dépensent sans compter pour éviter de grossir. Elles poursuivent leurs activités normalement, mais évitent les relations et les conflits, surtout au sein de la famille», peut-on ainsi lire sur le site www.informationmédicale.com. Parfois, l'anorexie dite restrictive s'accompagne de crises de boulimie incontrôlables (le malade avale des quantités impressionnantes de nourriture en tous genres et à forte teneur calorique), suivies de vomissements provoqués et d'utilisation de diurétiques pour évacuer le trop  de nourriture ingurgitée compulsivement. On parle alors d'anorexie-boulimie. Souvent, la personne sujette à cette maladie s'enferme sur elle-même, est angoissée ou déprimée. Les plus acharnées fréquentent assidument les sites «pro-ana», les prédicateurs de la maigreur extrême et autres inquisiteurs de rondeurs sont légion sur la toile. Entre deux poèmes aberrants sur la beauté de la maigreur rédigés par l'auteur du blog, généralement une anorexique «vétérane», les visiteurs y trouvent ainsi des conseils pour «se faire vomir sans trop souffrir», «perdre 10 kilos en moins d'un mois», «masquer ses cernes» et même des récompenses pour les plus méritantes, applaudies sur les forums de tchat. Comme dans tout trouble du comportement alimentaire, les personnes concernées refusent de reconnaître qu'elles sont malades, ce qui retarde le diagnostic et complique le traitement. Pourtant, leur corps parle, crie même pour elles. Physiquement, cette maladie se manifeste en effet par une perte de poids spectaculaire, pouvant atteindre jusqu'à la moitié du poids normal. Conséquence directe des carences alimentaires, la santé de l'anorexique va en se détériorant au fur et à mesure qu'il se prive de nourriture: déchaussement des dents et perte de cheveux, anémie (teint bleui ou violacé), absence de règles, troubles du sommeil et du transit ou encore baisses de tension.  A long terme, l'anorexie entraîne des effets désastreux sur la santé cardiaque, la croissance et la résistance osseuse, mais aussi la fertilité. La corrélation directe entre anorexie et ostéoporose précoce ou anorexie et stérilité a de la sorte été démontrée dans de nombreux cas. Pis, 10% des anorexiques dans le monde meurent des suites de leur maladie, par malnutrition ou en mettant fin à leurs jours… D'où la nécessité d'une prise en charge à temps et pluridisciplinaire, combinant traitement médicamenteux, psychothérapie et rééducation nutritionnelle, et requérant une hospitalisation dans les situations les plus sévères. Il faut savoir en effet que la guérison de l'anorexie mentale peut prendre plusieurs années et que l'efficacité du traitement est d'autant plus grande que le (la) patient(e) est éloigné(e) de son milieu.


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