Dimanche, le président Chavez a repris ses fonctions après en avoir été écarté vendredi. Poussé au départ par des manifestations populaires, il a retrouvé les faveurs de la foule en même temps que son palais Miraflores. Le Vénézuélien Hugo Chavez revient de loin. Victime d'un coup d'Etat aussi spectaculaire que bref - 48 heures –, il a finalement regagné dimanche son palais présidentiel de Caracas sous les acclamations de la foule. «Le Venezuela n'allait pas tolérer une autocratie», a-t-il alors déclaré devant plusieurs milliers de ses partisans. Accompagné de son ministre de l'Intérieur et de la Justice, Ramon Rodriguez Chacin, détenu pendant toute la durée du coup d'Etat, il a appelé les Vénézuéliens «à l'unité, dans le respect des différences». Détenu sur l'île de la Orchila dans la mer des Caraïbes pendant deux jours, M. Chavez a été ramené par ses fidèles dans la capitale après la prise de pouvoir, vendredi, du «patron des patrons» Pedro Carmona (Fedecamaras), avec l'appui des putschistes militaires. Démissionnaire, il avait été remplacé samedi soir par le vice–président Diosdado Cabello qui assurait alors l'intérim. Ce retournement exceptionnel avait été rendu possible par l'attitude de l'armée qui avait abandonné le nouveau régime dès samedi. Le palais présidentiel à Caracas avait alors été repris par des milliers de partisans de Hugo Chavez. De violents incidents avaient même éclaté dans la capitale, où des dizaines de milliers de manifestants avaient déferlé. Trois personnes avaient été tuées, dont un jeune homme de 18 ans -criblé de 16 balles-, et 18 autres blessées. Pedro Carmona, ainsi que tous ses «ministres» et son état-major militaire ont ensuite été arrêtés, tandis que le général en chef Lucas Rincon, destitué la veille, était réintégré au poste de chef des forces armées du Venezuela. Dans un communiqué en 12 points, l'armée de terre, aussitôt rejointe par la garde nationale, avait exigé une «rectification» des erreurs du gouvernement intérimaire, dont la restauration de l'Assemblée nationale dissoute la veille et celle de la réforme agraire. Pour l'heure, le chef de l'Etat vénézuélien, élu en 1998 après avoir été à la tête d'un coup d'Etat manqué en 1993, a assuré qu'il «n'y aurait pas de chasse aux sorcières, ni atteinte aux droits de l'Homme» contre les auteurs du putsch de vendredi. M. Chavez a également affirmé qu'il n'éprouvait «aucune rancœur ni mépris» contre ses adversaires. Il a même annoncé qu'une «table ronde sur le dialogue national» débutera le 16 avril. Dès vendredi, plusieurs dirigeants latino-américains avaient dénoncé le remplacement du président vénézuélien, tout comme plusieurs Etats occidentaux comme la France. Washington, au contraire, avait jugé que Hugo Chavez était responsable de sa propre chute en raison des tentatives de répression des manifestants qui lui étaient hostiles. Le gouvernement de Chavez n'a jamais été bien vu par les responsables américains en raison de ses liens étroits avec le dirigeant cubain Fidel Castro, et de ses récentes critiques contre l'opération militaire en Afghanistan.