Les cadrans de l'horloge indiquent 8h00. L'ambiance dans cette annexe administrative sise à Hay Hassani ne diffère pas des autres annexes du Maroc, ou du moins de celles relevant du Grand Casablanca. Elles sont déjà une vingtaine de personnes regroupées face au bureau consacré à l'opération Ramed, toutes enthousiastes de présenter leur dossier pour bénéficier du Régime d'assistance médicale des démunis. Une carte magique qui, selon elles, rendra grandes ouvertes les portes de l'hospitalisation et de la médication. «Nous sommes très heureux que cette initiative ait vu le jour. Finalement, nous pourrons accéder à une large gamme de soins dont nous étions privés faute de moyens», relève une veuve, mère de cinq enfants dont deux sont trisomiques. La foule présente ce jour-là est habituée au décor. Ce n'est pas la première fois que ces citoyens se rendent à ce bureau. Certains parmi eux ont régulièrement tenté leur chance depuis près d'un mois, avant de détenir un numéro identifiant le jour de la déposition du dossier. Dans les coulisses du Ramed, une longue attente est au programme. «Pour atteindre son tour il faut se présenter de bonne heure», nous confie un septuagénaire qui s'est rendu à l'annexe en compagnie de son voisin avant la prière de l'aube pour retirer son jeton. Les rendez-vous numérotés sont un acte civique adopté par les jeunes du quartier désirant fluidifier l'attente et ne pas encombrer le siège de l'annexe administrative. «En tant que jeunes du quartier nous avons choisi de briser la monotonie de notre quotidien et de contribuer au bon déroulement de cette opération», nous souligne Ayoub, 22 ans. Et de préciser que cette démarche est organisée en concertation avec les fonctionnaires de l'annexe. La tâche de ces jeunes ne se limite pas à l'organisation de la file des demandeurs, mais elle s'étend également à aider les citoyens à télécharger et remplir le formulaire de candidature. Le questionnaire trace un profil général du bénéficiaire et de sa situation socio-économique. Après l'avoir dûment rempli, accompagné des pièces justificatives requises (copies des cartes nationales des conjoints et personnes majeures à charge, certificat de scolarité des enfants, certificat médical en cas de handicap, etc.), le dossier de candidature est par la suite transféré aux cellules provinciales des préfectures. À ce niveau, une vingtaine de dossiers sont traités au quotidien par une commission permanente. La validation se fait à base de barèmes, identifiant ainsi l'éligibilité des demandeurs et les classant en deux catégories précaires ou vulnérables. Malgré ce grand engouement manifesté par les citoyens marocains, le principe du Ramed ne semble pas être bien assimilé par la grande masse. Si certains sont informés des modalités d'octroi de la carte Ramed, d'autres ignorent les services offerts. «Je suis sûre que j'obtiendrai la carte Ramed. Je suis une femme divorcée qui n'a pas de revenu fixe. Donc rien ne pourra me priver de ce privilège qui me permettra de me soigner là où je vais», souligne une citoyenne qui attend son tour. Cette femme ne fait pas exception. Selon des sources proches du déroulement de l'opération Ramed, certains postulants se servent du récépissé remis lors du dépôt de dossier pour bénéficier du panier de soins. Or ce reçu permet uniquement à son détenteur l'accès aux soins d'urgence en attente de la décision de la commission permanente locale qui statue sur les demandes. A cet égard, les fonctionnaires se trouvent, chaque jour, confrontés à ce genre d'incompréhension, les poussant ainsi à lancer un appel aux autorités concernées afin d'organiser des séances de sensibilisation pour définir les avantages du Régime d'assistance médicale pour les citoyens démunis.