À l'occasion de l'ouverture des 3-èmes journées pharmaceutiques vendredi à Oujda, les professionnels de la pharmacie ont débattu plusieurs sujets, notamment celui de la contrebande des médicaments. C'est le rendez-vous incontournable des professionnels de la pharmacie. Durant deux jours, ces derniers ont animé une série de conférences scientifiques portant sur divers sujets : la prise en charge en officine de la toxicomanie, le dysfonctionnement érectiles, les plantes antidiabétiques du Maroc oriental, la génétique entre progrès scientifique et problèmes éthiques et l'éducation thérapeutique du patient. Celui de la contrebande des médicaments a fait l'objet d'un traitement spécifique. Et pour cause, la circulation illégale ou frauduleuse du médicament est aujourd'hui un phénomène qui touche tous les pays et pas seulement le Maroc. Une chose est sûre, «leur utilisation met en danger la santé des citoyens», a expliqué Jamal Taoufik, professeur à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat et chef de service de la pharmacie de l'hôpital cheikh Zayed. Les manifestations de ces produits sont multiples : dosages manquants, conditionnement défectueux, voire absent (de simples cachets dans une enveloppe), des substances vétérinaires recyclées en produits dopants illicites. M. Taoufik ajoute à cela l'imitation de la présentation et de l'emballage d'une marque renommée, avec absence totale du principe actif ou changement du dosage. Ces médicaments, a-t-il noté, « ne garantissent ni la qualité, ni l'efficacité, encore moins l'innocuité à son utilisateur». Le trafic mondial des médicaments contrefait se déploie sur plusieurs axes. Ceux du Nord-Sud et Sud-Sud qui restent le plus lucratifs et ces plus meurtriers. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu'un médicament sur quatre serait contrefait ou défectueux. 60 % des médicaments contrefaits avaient été trouvés dans les pays pauvres et 40% dans les pays industrialisés. Une étude menée en 2001 en Asie a révélé que sur 104 médicaments en circulation, 38 ne contenaient aucune substance active et n'avaient donc aucun effet. M. Taoufik a indiqué que la contrefaçon dans le secteur pharmaceutique où le trafic constitue 10 % du marché mondial, soit plus de 30 milliards de dollars. À noter dans ce cadre que la Chine passe aujourd'hui pour l'un des principaux pays producteurs et exportateurs de ces produits. Pour M. Taoufik, ce trafic qui touche particulièrement les pays en voie de développement s'explique par la pauvreté, le niveau bas de l'éducation et l'insuffisance de réglementation en la matière. Évoquant le secteur pharmaceutique au Maroc, le conférencier a souligné des avancées importantes qui se manifestent à travers une industrie performante couvrant une part importante de la demande nationale, une répartition pharmaceutique efficace étendue à l'ensemble du territoire et un contrôle rigoureux des différents types de médicaments. Cette lecture occulte cependant une autre réalité : les pharmaciens sont confrontés depuis plusieurs années à des problèmes aigus, notamment économiques, puisque depuis 1997, on enregistre une baisse de l'ordre de 11% du chiffre d'affaires. Ajouté à cela l'effritement du monopole en raison de la vente anarchique des médicaments de contrebande dans les souks des villes frontalières. Problèmes auxquels s'ajoute la vente du dispositif médical par n'importe qui et dans n'importe quelle condition. Le remède à cette situation ? M. Taoufik a mis l'accent sur la nécessité d'organiser des campagnes de sensibiliser aux dangers des médicaments de contrebande. Particulièrement dans les zones frontalières telle la ville d'Oujda.