La grande toile a souvent été un univers mystérieux. Les nouvelles technologies ont fait de ce monde binaire (0-1) un espace d'échange virtuel. Cependant, quand la liberté se traduit en libertinage, le cyberspace est pointé du doigt et subit les critiques les plus brûlantes. Internautes de tous les âges se voient épris par ce nouveau canal de communication. Anonymat, accessibilité et dialogue instantané favorisent toute sorte de débauche. Entre fraude, escroquerie et mensonge, la sexualité trône sur les «cyber perversions». D'un seul clic, le langage numérique se convertit en langage charnel. Imageries pornographiques, web cam, jeux X et dialogue érotique… une panoplie de services qui favorise des ébats sexuels mais virtuels. Des plates-formes numériques mettent à la disposition des internautes des avatars. Ces derniers peuvent être maniés par les «cyber utilisateurs» de façon à mimer une relation sexuelle à deux ou à plusieurs partenaires. De ce fait, le cybernet efface toutes les limites de l'extrême. Ce comportement jugé «vicieux» par les praticiens fait de plus en plus d'adeptes. Il démontre clairement une nouvelle révolution sexuelle. Pourquoi s'adonne-t-on à ce genre de pratique ? Pourquoi se livre-t-on aux ordinateurs au lieu de vivre une sexualité épanouie avec un partenaire en chair et en os ? Nombreux sont les facteurs qui alimentent la cybersexualité. «Le cybersexe est un effet pervers des nouvelles technologies. Son émergence est due principalement à l'absence d'une éducation sexuelle rationnelle. Ainsi ce moyen pousse l'individu à satisfaire sa libido dans la discrétion totale et absolue», explique Mustapha Aboumalek, sociologue. En effet, le passage virtuel à l'acte sexuel est considéré en tant que débordement du fantasme. La toile offre la possibilité de concrétiser toutes les fantaisies érotiques. Elle s'engage dans une industrie de sexe qui ébranle les us et les mœurs. «Cette perversion technologique rappelle l'apparition des «sex toys» durant les années 70. Des gadgets ont été conçus pour répondre aux caprices et non pas à un instinct sexuel», souligne ce sociologue. D'un point de vue psychanalytique, les personnes qui se livrent à la tentation sexuelle via Internet sont dans l'incapacité de s'investir dans une relation réelle. Indisponibilité psychique ou panne sexuelle, l'individu va, unilatéralement, droit à l'orgasme en se livrant à son imagination. «On regrette qu'une sexualité ne soit pas rationalisée. On doit cesser d'être hypocrite et de brimer ses pulsions. Il faut extérioriser ses besoins et banaliser le débat autour de la sexualité», ajoute M. Aboumalek. Certes, le cybersexe est considéré comme champ de divertissement. Cependant, les conséquences sont lourdes. Nombreuses sont les personnes qui ont sombré dans l'addiction. Certaines ont trouvé goût à de nouvelles pratiques libidineuses en l'occurrence la pédophilie et la zoophilie. Au moment où d'autres n'ont pas pu échapper aux tapettes du chantage et de la cybercriminalité.