Les riads, véritable patrimoine marocain, sont le signe d'une finesse esthétique et d'une sensibilité hors pair. Ces habitations traditionnelles des anciennes médinas étaient autrefois menacées par la ruine du fait du départ des populations aisées vers les nouveaux quartiers modernes. Il fallait attendre les années 1960 et 1970 pour que des artistes, des diplomates ou des personnalités célèbres restaurent d'anciennes demeures à Tanger et surtout à Marrakech. Mais ce n'est que depuis les années 1990 que les riads font l'objet d'un intérêt immobilier et touristique des plus importants. Un foisonnement qui ne va pas sans causer une flambée des prix de ces propriétés qui ne cessent de charmer par leur beauté architecturale. Nombre d'entre elles ont été reconverties en maisons d'hôtes, en restaurants, en hôtels de charme ou encore en maisons secondaires par des Occidentaux séduits par ces bijoux délaissés. Ce trésor caché derrière les murs austères de la médina est une représentation concrète du paradis oriental. Certains s'y installent définitivement, d'autres y passent quelques mois ou quelques jours de l'année. Mais tous sont derrière le doux plaisir de se retrouver en famille ou entre amis dans un cadre hors du temps. En dépit des réaménagements les plus originaux, adaptés entièrement pour bénéficier de tout le confort moderne (salle de bains en tadelakt, cheminée pour l'hiver, fours encastrés…), la spiritualité et le charme sont toujours au rendez-vous. Pour d'autres, plus traditionnels, les rénovations réalisées n'ont presque rien modifié, privilégiant la découverte d'une culture différente. Dans le cas ou l'autre, le patrimoine est sauvé au service du secteur touristique. Un arrangement qui profite à tous et qui permet à des villes telles que Marrakech, Fès, Meknès, Tanger ou encore Salé de renforcer leur capacité litière et de revêtir l'attrait de villes touristiques par excellence. Cependant, par extension et dans une optique commerciale, le terme «riad» a été associé à d'autres types d'habitations. Celles-ci ne sont pas spécialement situées dans l'enceinte de l'ancienne médina et ne disposent souvent même pas de patio intérieur avec jardin. Riad devient donc une appellation qui qualifie une habitation quelconque qui reprend certains éléments de l'architecture ou de la décoration des vrais riads en médina. On parle ainsi de villa riad, dar riad, Kasbah riad ou même d'hôtel riad. Il est toutefois plaisant de voir l'ampleur du phénomène «riad» qui, de cette façon, ne fait que vulgariser la culture marocaine auprès des étrangers. Et ils sont de plus en plus amoureux du «merveilleux Royaume du Maroc» tel que le décrit le célèbre chanteur de slam, Abd Al Malik. Par ce fait, l'exploitation de ces demeures permet la création d'emplois au niveau des professionnels du tourisme ainsi que la préservation d'un savoir-faire de maîtres bâtisseurs, de maâllam zleigi, d'ébénistes, de plâtriers… Plus de bien que de mal dans cet échange de culture et de plaisir.