Insuffisances du transport interne, multiplicité des obstacles au développement d'une logistique moderne, problème d'infrastructures, contrainte de temps d'attente pour le transit routier (TIR) via le détroit, alourdissement des coûts portuaires pour le trafic conteneurs, vulnérabilité du transport routier aux activités illégales….Ce sont-là les principaux entraves que connaît le secteur de la logistique au Maroc. C'est ce qui ressort d'une récente étude du ministère de l'Economie et des Finances sur la logistique. En effet, l'offre marocaine de transport routier est dans son ensemble abondante, mais elle manque de spécialisation et de qualité de service. L'âge moyen du parc national est le double de ceux des pays d'Europe centrale. Au Maroc, un camion opère 90 jours par an en moyenne contre 220 jours en France. L'insuffisance du réseau ferroviaire est présentée aussi comme un inconvénient majeur pour le transport ferroviaire puisque seuls les ports de Safi, Jorf-Lasfar, Tanger et Casablanca sont reliés par voie ferrée. Ainsi, plusieurs réformes et actions ont été engagées par les pouvoirs publics pour répondre aux insuffisances de la logistique du commerce au Maroc. Cela commence par une réforme du transport routier de marchandise, une extension du réseau routier, une amélioration de la sécurité routière, une restructuration du réseau ferroviaire national et un développement de l'infrastructure portuaire. «En dépit de l'ambitieux programme de réformes lancé par les pouvoirs publics, la logistique commerciale du Maroc reste contrariée par un ensemble de dysfonctionnements : une flotte routière non structurée et peu fiable, une offre insuffisante de services en logistique en termes de coût et de délai qui demeurent élevés par rapport aux pays concurrents», précise-t-on dans cette étude. Pour la mise en place d'une logistique efficace et performante, dix pistes ont été suggérées par les rédacteurs de cette étude. De prime abord, il y a lieu de développer une offre de transport routier répondant aux exigences de qualité et de fiabilité nécessaires au développement du commerce et de l'industrie. Et ce à travers l'accélération de la mise en œuvre de certaines mesures inscrites dans le cadre du contrat-programme entre le ministère de l'Equipement et la Fédération nationale du transport routier (FNTR) dont celles relatives aux incitations financières à la création ou au regroupement d'entreprises de transport. La deuxième piste concerne la réduction des coûts et des délais de la traversée du détroit. Ceci passe nécessairement par la révision de la tarification, la séparation du trafic passager de celui des marchandises pour des raisons de sécurité et d'efficacité, ainsi que le développement du trafic roulier à partir de Tanger-Méditerranée vers les principaux ports du Nord de la Méditerranée, selon cette étude. Troisièmement, il s'agit de réduire les coûts et les délais de passage au port de Casablanca à travers l'accélération de la mise en œuvre du programme d'actions lancé en décembre 2007 pour l'exploitation judicieuse de ce port. Le développement de ce secteur passe aussi à travers des mesures incitatives pour la mise en place de services logistiques (plates-formes, prestataires) à proximité des principaux ports du pays. «Ceci permettrait de rendre plus efficace la distribution destinée au commerce extérieur et de favoriser le développement économique et social de certaines régions qui souffrent d'un déficit en logistique», selon cette étude du département de Salaheddine Mezouar. Le cinquième point est relatif à la formation. Il est question donc de mise en œuvre concertée entre le privé et le public de programmes de formation adéquats, en faisant appel à l'expertise et à la coopération internationale. La sixième piste concerne la diffusion une approche moderne de la logistique, «supply chain management» (en français GCL, gestion de la chaîne logistique), dans le tissu industriel et commercial. Il y a aussi l'information et la sensibilisation des différents opérateurs sur les évolutions et les tendances de la logistique aux niveaux national et international à travers l'organisation et la participation régulière à des manifestations, conférences et séminaires dans le domaine. Dans le huitième axe, on cite l'expérience internationale. Cette dernière a montré que la production régulière d'indicateurs est nécessaire non seulement pour évaluer l'impact des réformes, mais aussi pour soutenir la dynamique d'un domaine où le partenariat privé-public et l'adaptation au changement sont essentiels. L'avant-dernière piste préconise l'externalisation. Et enfin, il y a la nécessité d'aménager des zones de fret et des plates-formes logistiques, en plus de renforcer l'arsenal juridique pour clarifier le rôle du logisticien et de l'entrepreneur multimodal.