Si Alain Bernard a tutoyé les sommets, Laure Manaudou a touché le fond du Water Cube de Pékin au cours d'une semaine qui a consacré la belle régularité olympique d'Hugues Duboscq. Comme à Athènes il y a quatre ans, les Français repartent des Jeux avec six médailles, dont une en or. Alain Bernard a remporté l'épreuve la plus prestigieuse, le 100m nage libre, pour confirmer son irrésistible ascension, et a pris la médaille de bronze du 50m, qui a vu Amaury Leveaux réaliser la plus belle performance de sa carrière avec une médaille d'argent. «Je suis vice-champion olympique, on est deux Français sur le podium dans une discipline qui était dominée par des fous furieux», note Leveaux, qui a su rester concentré pour faire honneur à son statut de recordman d'Europe. Les Français, qui ont pris la deuxième place du relais 4x100m nage libre avec, outre les deux médaillés en individuel, Fabien Gilot et Frédérick Bousquet, se sont révélés comme une puissance dominante du sprint mondial. Le relais restera toutefois un crève-coeur puisque les Bleus ont échoué face aux Américains pour huit centièmes alors que Bernard, pourtant auteur d'une course rapide, s'est fait manger dans la dernière ligne droite par Jason Lezak. Six médailles, ce n'est pas mieux qu'à Athènes, là où les pronostiqueurs les plus optimistes évoquaient jusqu'à dix podiums. Claude Fauquet, le directeur technique national, s'en sort par une pirouette: «La victoire d'Alain Bernard dans l'épreuve reine du 100 mètres nage libre, c'est comme dix médailles d'or». Laure Manaudou, comme le craignaient ses fans, a complètement raté ses Jeux. Elle était arrivée à Pékin avec le titre de championne olympique du 400m nage libre, le record du monde du 200m nage libre et le record d'Europe du 800m. Elle a tout perdu. L'Italienne Federica Pellegrini lui a pris le record du monde du 200m, la Britannique Rebecca Adlington la meilleure marque européenne du 800m et le titre sur 400m. Tourmentée après une année terrible au cours de laquelle elle a déménagé et changé d'entraîneur trois fois, Manaudou n'avait plus la tête à nager. Dernière de la finale du 400m, septième de la finale du 100m dos, elle ne s'est pas qualifiée pour la finale du 200m dos. «Je vais faire un long break», a-t-elle annoncé. «Je n'oublierai jamais toutes les joies que j'ai eues à Athènes, à Melbourne ou à Budapest. Je pense que les soirées, les invitations, les contrats ou même l'argent, ce n'est pas ça qui va me faire arrêter la natation. La passion, c'est au-dessus de tout».