Soupçonné d'avoir des liens directs avec Al Qaïda, le reporter vedette d'Al-Jazira, Tayssir Allouni, a été maintenu en détention lundi dans l'attente d'un supplément d'enquête. On le soupçonne d'avoir des liens directs avec l'organisation terroriste Al Qaïda. Le dernier jour de ses vacances en compagnie de sa famille dans la province de Grenade, il a été interpellé par la police nationale espagnole sur ordre du juge Baltasar Garzon. Il s'agit du reporter vedette d'Al-Jazira, Tayssir Allouni, dont la détention a été prolongée de 72h, suite à la demande de l'accusation, qui ne dispose pour l'heure que «d'indices de collaboration avec une bande terroriste, basés sur une analyse superficielle de la part de la police». Les faits reprochés au journaliste espagnol d'origine syrienne sont nombreux. Il est d'abord soupçonné d'avoir fourni des infrastructures à une cellule d'Al-Qaïda installée en Espagne et démantelée après les événements du 11 septembre 2001. Il aurait également procuré des fonds aux dirigeants de l'organisation terroriste en Afghanistan. Et selon des sources judiciaires, le juge Garzon l'a interrogé sur ses liens avec Imad Eddine Barakat Yarkas, alias Abou Dahdah, présumé responsable d'Al-Qaïda pour l'Espagne, qui avait été arrêté en novembre 2001 en même temps que plusieurs autres présumés islamistes radicaux. Le journaliste, qui travaille au siège de la chaîne Al-Jazira, à Doha, s'est fait connaître pour ses reportages durant la guerre en Afghanistan où il avait été un des rares journalistes autorisé par le gouvernement des talibans à demeurer dans le pays. Son interview d'Oussama Ben Laden, au lendemain du 11 septembre, lui a permis non seulement d'atteindre la célébrité, mais d'attirer l'attention des Américains sur ses éventuels rapports avec les chefs de l'organisation terroriste. Mais bien avant ses couvertures en Afghanistan et en Irak, Tayssir Allouni, en raison de sa double nationalité espagnole et syrienne, avait fait l'objet d'une enquête, selon le quotidien El Pais, sans qu'aucune charge n'ait été retenue contre lui. C'était entre 1999 et 2000. L'annonce de son arrestation a suscité plusieurs remous. La première réaction était celle d'Al-Jazira. Dans une lettre publiée par le quotidien El Mundo, son personnel a demandé au chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar « d'ordonner la mise en liberté immédiate » du journaliste. La Fédération des associations de presse en Espagne (FAPE), à laquelle est affilié Allouni, a également protesté contre le maintien en détention du reporter, tout en lui fournissant un avocat. Son secrétaire général, José Maria Torre Cervigon, n'a pas ménagé ses mots. «C'est une affaire dans laquelle peuvent entrer en jeu des questions aussi graves que la liberté d'expression, les sources professionnelles, les droits du public», a-t-il estimé. La dernière réaction en date est à l'actif de l'Organisation arabe des droits de l'Homme (OADH) qui a exhorté mardi les autorités espagnoles à libérer le reporter. Basée au Caire, l'organisation est même allée plus loin. Elle place l'arrestation du reporter dans le cadre d'une campagne contre les chaînes arabes, notamment Al-Jazira et Al-Arabiya, couronnées par l'assassinat de plusieurs journalistes arabes et étrangers dans l'exercice de leur mission, celle d'informer le monde sur ce qui se passe en Irak. En attendant que les 72 heures supplémentaires accordées à l'accusation aient épuisé, l'état de santé de Tayssir Allouni est semble-t-il inquiètant. Son épouse Fatima a confirmé qu'il souffrait d'hypertension artérielle et de troubles cardiaques.