Le juge anti-terroriste espagnol Baltasar Garzon a inculpé hier 35 personnes pour appartenance à Al Qaïda. Parmi les inculpés, le journaliste vedette d'Al Jazira, Tayssir Allouni et… Oussama Ben Laden. Le juge espagnol Baltasar Garzon, en mal de célébrité, a inculpé hier, 17 septembre, 35 personnes, dont Oussama Ben Laden et le journaliste d'Al-Jazira Tayssir Allouni pour appartenance à l'organisation terroriste Al-Qaïda et, pour certains, implication dans les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis. Selon l'acte d'inculpation de 692 pages rendu public hier, le juge a fixé une première citation à comparaître le 24 septembre pour 18 islamistes présumés arrêtés en Espagne, dont 11 sont actuellement incarcérés. Au moment où tous les services secrets des Etats-Unis et du monde occidental épient la moindre information sur le lieu où se cache Ben Laden, le juge Garzon délivre en outre un mandat d'arrêt international pour le chef du réseau terroriste Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, qu'il inculpe de même que neuf autres personnes pour "assassinats terroristes", en l'occurrence les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. De ces dix inculpés, quatre sont actuellement détenus en Espagne: il s'agit de Imad Edin Barakat Yarkas, Ghasoub al Abrash Ghalyoun, Driss Chebli et Abou Abdulrahman. Pour sa part, le journaliste espagnol d'origine syrienne Tayssir Allouni, reporter vedette de la chaîne de télévision Al-Jazira arrêté le 5 septembre dernier à Grenade (sud de l'Espagne), est inculpé "d'intégration dans l'organisation terroriste Al Qaïda" et le juge confirme son maintien en détention. Il est réitéré au sujet d'Allouni, dont le seul crime fut de réaliser une interview avec Ben Laden après les attentats du 11 septembre 2001, que "son inculpation s'appuie sur des faits qui n'ont RIEN (en caractères gras dans l'acte d'inculpation) à voir avec son métier de journaliste actuel" et en substance ont été exercées alors qu'il travaillait "comme simple traducteur pour l'agence de presse espagnole EFE" jusqu'au début 2000. A noter que la chaîne de télévision Al-Jazira du Qatar avait affirmé que l'Espagne avait subi des pressions américaines et israéliennes pour inculper son reporter Tayssir Allouni d'appartenance à Al-Qaïda. "Ce développement dramatique est dû aux messages reçus par la sécurité espagnole de la part des nombreux services, dont ceux d'Israël et des Etats-Unis", a affirmé Jihad Ballout, porte-parole d'Al-Jazira, juste après l'arrestation du journaliste. "Nous allons continuer à le soutenir car nous continuons à croire que Tayssir Allouni n'a fait que son travail de journaliste", a-t-il dit. En outre, le juge de l'Audience nationale, la plus haute instance juridique d'Espagne, avait exclu la semaine dernière toute "relation directe" entre M. Allouni et "les faits les plus graves" imputés à Al-Qaïda, mais estimé que le réseau demeure en vie "grâce aux cellules dormantes" dont il faut donc "neutraliser" les membres.