Les spécialistes en endocrinologie ont pour habitude de demander à tous leurs patients diabétiques de venir les consulter à quelques jours du début du Ramadan. C'est pour évaluer leur taux de glycémie et les répercussions du traitement sur l'évolution de leur état de santé. Un bilan général est alors effectué en vue de déceler le moindre déséquilibre hormonal. Une étape déterminante suite à laquelle l'endocrinologue jugera si oui ou non le diabétique pourra jeûner. En principe, ceux qui sont soumis à l'injection de l'insuline deux à trois fois par jour (le matin et le soir) se voient interdire le jeûne sous peine de tomber dans le coma. Dans certains cas, pour permettre au diabétique de jeûner, un aménagement thérapeutique est possible lorsque les risques sont jugés minimes. Pour un diabétique qui n'est pas sujet à des complications dégénératives et à toutes affections intercurrentes, le jeûne est autorisé. De même pour le diabétique de type 2 en surpoids ou mono pondéral, dont le diabète est équilibré (état stable). Dans ce cas précisément, le diabétique est soumis à un régime diététique et à un traitement par antidiabétiques oraux (comprimés). Pour les diabétiques âgés tout comme pour les insulinodépendants, le jeûne équivaut à mettre sa vie en danger. Même verdict pour ceux dont le diabète n'est pas équilibré pour différentes raisons, entre autres, la fièvre, l'abcès et les infections urinaires et pulmonaires. Une acidocétose peut apparaître à n'importe quel moment et cela nécessite une prise en charge immédiate passant par une hospitalisation. Les diabétiques souffrant d'autres maladies et devant prendre de nombreux médicaments ne sont pas, non plus, autorisés à observer le jeûne. Mais voilà, la conviction religieuse fait que malgré tous les risques que pourrait représenter le jeûne, des diabétiques non autorisés l'observent. Résultat : ils sont transportés en urgence dans les hôpitaux et se voient cloués au lit tout au long du mois de Ramadan. Ceux qui y sont autorisés n'ont pas toutefois le droit d'oublier leur régime en justifiant leur excès par le jeûne. Il est strictement interdit d'obéir aux gourmandises sucrées quelle qu'en soit la nature (jus de fruits, boissons sucrées…), ni de se permettre des fritures et des plats copieux. Le diabétique doit veiller à prendre trois repas variés de tous les groupes alimentaires en quantité raisonnable. Le rôle du médecin est capital puisqu'il est le seul habilité à dresser un programme alimentaire au diabétique qui prend en compte son mode de vie et son activité. Il est nécessaire dans ce programme de répartir convenablement les médicaments durant la nuit et de boire beaucoup d'eau. D'après des statistiques du ministère de la Santé, le diabète au Maroc concerne 6,6% de la population âgée de 20 ans et plus. Une prévalence qui concerne autant de femmes que d'hommes, mais reste nettement plus élevée dans le milieu urbain que dans le milieu rural. Le diabète prend, en fait, de l'ampleur au fur et à mesure que l'on prend de l'âge. Ainsi, les diabétiques de 60 à 69 ans sont plus nombreux que ceux dont la tranche d'âge se situe entre 20 et 29 ans. Les premiers représentent 14% du total, alors que le taux des seconds n'excède pas les 2,2%.