Des affrontements provoqués par la vague de condamnations de délégués Aârouch ont encore opposé mardi des manifestants et les forces de l'ordre en Kabylie. Une contestation populaire qui s'étend aussi à toute l'Algérie. Mardi, de nouveaux affrontements ont secoué la région kabyle, notam-ment à Sid-Aich, près de Béjaïa, à l'est d'Alger, à la suite de l'arrestation d'une douzaine de délégués Aârouch survenue dimanche. Ajoutant à leurs revendications habituelles celle de la libération de leurs représentants, les Kabyles ont afflué dans les rues, et s'en sont pris dans plusieurs localités aux forces de sécurité, à l'aide de cocktails Molotov et de pierres. A Sid-Aich comme à El-Asnam, dans la région de Bouira – où onze délégués arrêtés ont écopé de peines de prison ferme - les manifestations de mardi ont à nouveau dégénéré en affrontements. Quelque 46 militants du mouvement contestataire ont ainsi été arrêtés ces derniers jours dans la région de Bouira. Des heurts se sont également produits à Akfadou, dans la région de Béjaia, faisant cinq blessés, près de Tizi-Ouzou, où seize personnes ont été interpellées et condamnées, et à El-Kseur. Le Matin de mercredi rapporte que de violentes émeutes ont aussi éclaté la veille dans la région de Guelma. «Les citoyens ont investi la rue pour exiger le départ immédiat des élus locaux dont ils dénoncent la corruption» explique le quotidien national. «Plusieurs édifices publics ont été incendiés et les routes fermées à la circulation». Le journal note d'ailleurs que la contestation est loin de s'atténuer. Il explique que les manifestants «expriment à leur manière ce que plusieurs partis politiques réclament sous une toute autre forme : l'abandon du projet d'organisation des élections législatives en raison du contexte actuel». Un boycott populaire appuyé par le refus annoncé par les partis RCD, le FFS, le PT et l'ANR, ces dernières semaines, de participer au scrutin de mai prochain. Liberté annonce pour sa part – dans son édition de mercredi – que «le feu prend à l'Est». «Le courroux populaire ne semble plus être circonscrit à une seule localité. La contestation citoyenne prend de l'ampleur jour après jour» ajoute le quotidien, tout en faisant état d'incidents à Tamalouka et Aïn Regada (région de Constantine). Des émeutiers y ont établi mardi des barricades et ont lancé des pierres, notamment sur la mairie et la polyclinique de la ville. Conséquence : les journaux font état de près de 300 arrestations, «une véritable chasse à l'homme», précise Liberté. Loin de s'arrêter à l'impasse kabyle, les émeutes se sont généralisées ces derniers temps à tout le pays. Les Algériens, dont 30 % sont touchés le chômage, confrontés à des conditions de vie difficiles, se montrent de plus en plus tentés par la violence pour exprimer leurs revendications. Celles-ci concernent notamment le manque de logements sociaux, les coupures d'eau ou la hausse du tarif des transports.