Une vague d'arrestations a eu lieu mercredi 9 mai en Kabylie. Resurgit le spectre du vieux-nouveau affrontement entre pouvoir et Amazighs. La Kabylie vit à nouveau une période de troubles. La police algérienne a procédé à des arrestations dans la région le mercredi 9 mai. Les délégués des Amazighs algériens appelés les Archs ont été interpellés puis arrêtés au motif d'avoir procédé à «la destruction de biens publics». Il n'en est rien. Certains observateurs y trouvent un prétexte pour casser du «Kabyle». Plus encore, ils mettent en garde contre le risque d'un nouvel embrasement de la région. Tout le monde se rappelle le chapitre des évènements de 2001-2002 regroupés sous l'appellation «Printemps noir». De violentes émeutes avaient éclaté entre 2001 et 2002. Le détonateur qui a déclenché ces violences est l'assassinat le 18 avril 2001 de Massinissa Guermah, un jeune lycéen berbère. Ce dernier a été abattu à bout portant par les gendarmes de Beni Douala. C'est à ce moment même que l'insurrection kabyle a éclaté. Des marches pacifiques sont alors organisées pour dénoncer les injustices et les abus d'autorité. Ces manifestations seront durement réprimées : les forces de l'ordre tirent sur les manifestants qui sont, pour la plupart, des collégiens et des lycéens. Les statistiques à l'époque ont dénombré plus d'une quarantaine de morts et des centaines de blessés, rien que pour les journées du 25 au 28 avril 2001. La révolte du Printemps noir a fait 132 morts et plus de 5 000 blessés. Durant le mois de mai, la répression est de plus en plus violente: tortures, pillages de domiciles et de magasins, représailles. Les gendarmes font 15 nouvelles victimes et des dizaines de blessés. De simples passants sont tabassés. Des opposants politiques et des journalistes sont maltraités. Des dizaines de responsables de comités de villages (délégués des Archs) sont arrêtés. Depuis, la situation est restée bloquée. L'arrivée d'Ahmed Ouyahia au poste de Premier ministre permet pourtant la reprise du dialogue : en octobre 2003, le chef du gouvernement rouvre les discussions avec les Aarchs. Une grande partie des revendications de la «Plate-forme d'El Kseur » est prise en considération. Quatre ans après ces évènements, les autorités algériennes craignent à nouveau un mouvement d'insurrection. En effet, les Archs sont perçus comme étant des dissidents au pouvoir et des semeurs de troubles. Après une période de calme apparente, les dernières arrestations risquent selon des observateurs de provoquer la colère des Archs.