L'affaire d'Agadir n'a rien d'une histoire belge, sauf son auteur. L'étau a commencé ces derniers jours à se resserrer autour du cou de celui qui continue à défrayer la chronique gadirie depuis plusieurs semaines. En Belgique, Philippe Servaty est poursuivi aujourd'hui pour outrage aux bonnes mœurs. Une instruction s'est ouverte mardi dernier, par le juge Daniel Fransen, suite à une requête du parquet de Bruxelles. En substance, cette instruction « vise les agissements imputés à l'ex-journaliste, Philippe Servaty, qui, à plusieurs reprises, avait diffusé, sur un site pornographique d'Internet, des images de ses ébats avec des femmes marocaines rencontrées à Agadir ». Car c'est bel et bien la diffusion de ces images sur la Toile qui a dévoilé au grand jour ce scandale. Les internautes se sont passés le mot. En un laps de temps réduit, une avalanche de visiteurs s'est abattue sur ce site Internet où Philippe Servaty a mis en ligne les photos de ses victimes. L'information a fait boule de neige. Le scandale a éclaté. Des familles sont brisées. Des jeunes filles jetées à la vindicte publique. Et des enquêtes ont été diligentées. On ne sort pas indemne d'une affaire de mœurs. Actuellement, 13 jeunes filles d'Agadir sont emprisonnées. La liste des victimes de Philippe Servaty est appelée à s'élargir, avec la recherche des autres jeunes filles impliquées dans ce scandale. «Et, précisément, le tout peut-il être contraire à la notion de bonnes mœurs ? C'est en tout contraire au respect naturel des personnes : ce journaliste, Philippe Servaty, en est désormais lui-même conscient puisque, mardi soir à la RTBF, il a exprimé des regrets pour la situation engendrée au Maroc. Dans une étonnante confession personnelle, il a aussi déclaré avoir un problème de sexualité », lit-on dans l'édition du jeudi 30 juin du journal «La libre Belgique». Lui qui a mis en scène dans des postures odieuses plusieurs gadiries, parle aujourd'hui, haut et fort de tous ses problèmes sexuels. Une manière peut-être de se faire pardonner du grand public. Pour sa part, la position du «Soir», l'organisme de presse dans lequel travaillait Philippe Servaty, s'est basée sur l'âge des victimes pour soigner son image. «Le tourisme sexuel. Sa répression ne concerne, en Belgique, que les faits commis à l'encontre de mineures d'âge. Même si ces faits ont été commis à l'étranger, la loi de 1995, établissant «l'extraterritorialité» en pareils cas, permet de poursuivre les auteurs établis en Belgique. Les victimes de l'affaire d'Agadir étaient consentantes et majeures, à l'exception d'une jeune fille de 17 ans, cependant mariée à l'âge de 14 ans, ce qui aurait entraîné son émancipation d'office, la sortant ainsi de l'état de “mineure“», a écrit «Le Soir» au début du mois de juin. Une tentative vaine de la part des journalistes de ce quotidien de tendre une perche à leur confrère et redonder son blason désormais souillé à jamais. Mais, «Le Soir» a fini par exprimer son souhait d'aider les autorités à assembler l'ensemble des morceaux du puzzle. « Enfin, il n'y a aucun doute que des perquisitions soient menées sans délai au domicile de Philippe Servaty et au «Le Soir», lequel a fait savoir qu'il collaborerait à l'enquête (le matériel informatique de l'intéressé ayant été mis sous protection au début juin) «dans les limites de la législation sur le secret des sources», ajoute «La libre Belgique». Les choses vont désormais de mal en pis pour Philippe Servaty. Des plaintes sont attendues dans les prochains jours en provenance du Maroc. C'est d'ailleurs, dans ce sens-là que Fatiha Saidi, députée belge d'origine marocaine, a effectué la semaine dernière une visite à Agadir. Des visites, il y en avait eu dans les deux sens. Mostapha Mouzouni, directeur de la police judiciaire s'est entretenu la semaine dernière, en Belgique, avec Laurette Onkelinx, la ministre belge de la Justice, sur cette affaire. À la fin de la réunion, Laurette Onkelinx a annoncé que Philippe Servaty pourrait être poursuivi pour «outrage aux bonnes mœurs, traite des êtres humains ou traitement humiliant et dégradant». «Nous allons examiner en collaboration avec les autorités judiciaires marocaines les moyens possibles d'ouvrir un dossier en Belgique et poursuivre, s'il échoit, l'auteur des faits», a-t-elle noté. Et d'ajouter, «il faudrait une plainte d'une victime, de sa famille ou un avis officiel qui doit nous parvenir des autorités judiciaires du territoire sur lequel les faits ont été commis». Le message est clair et net. Les familles de ces jeunes filles ne doivent plus sombrer dans la hantise et vivre avec les regards dédaigneux des uns et des autres. Prenant leur mal en patience, ces familles sont ainsi invitées à sortir de leurs réserves. Philippe Servaty a mené loin, et malmené, des jeunes filles qui ne cherchaient que leurs laissé-passé pour l'Europe. À défaut, elles ont obtenu celui de la prison. Malheureux.