«Les médias et la finance : liaisons dangereuses». Dans la conjoncture actuelle, ce titre peut faire l'objet d'un best-seller. Il ne s'agit pas ici de fiction mais d'une réalité. En déposant avant-hier son bilan, KirchMédia, la principale filiale de l'empire allemand des médias Kirch signe l'une des faillites les plus retentissantes du paysage audiovisuel européen voire mondial. «Les médias et la finance : liaisons dangereuses». Dans la conjoncture actuelle, ce titre peut faire l'objet d'un best-seller. Il ne s'agit pas ici de fiction mais d'une réalité. En déposant avant-hier son bilan, KirchMédia, la principale filiale de l'empire allemand des médias Kirch signe l'une des faillites les plus retentissantes du paysage audiovisuel européen voire mondial. Pour le chancelier Gerhard Schröder, cette faillite traduit tout simplement l'incompétence de cette entreprise en matière de gestion. Auprès des analystes, la chute du groupe trouve son origine dans l'accélération du développement par l'endettement. A cela, il faut ajouter le manque de contrôle interne, les financements croisés entre les différentes filiales et les garanties bancaires douteuses. En attendant la tournure que va prendre l'affaire KirchMédia, on ne peut pas s'empêcher de constater qu'il s'agit là, de la faillite d'un modèle économique en matière de gestion des médias. Un modèle qui a été pour longtemps jugé par la presse occidentale comme étant l'un des plus novateurs dans ce domaine. Au moment où des groupes financiers nationaux manifestent l'intérêt d'investir dans les médias audiovisuels, quelles leçons faut-il en tirer de la faillite du numéro 2 allemand des médias ? Si le marché de l'audiovisuel présente certes un fort potentiel de développement, il ne faut pas pour autant être gourmand, comme ce fut le cas pour Leo Kirch. Investir dans ce domaine n'est pas aussi évident qu'on le pense. Il s'agit avant tout d'une industrie du contenu. Créer une chaîne de télévision ou une station radio sans que cette démarche n'associe la presse écrite et ne soit bâtie sur un business-modèle qui privilégie une vision du long-terme n'aura pas un impact économique majeur. Pour un pays qui a raté sa politique audiovisuelle, les enjeux sont de taille. Le fait que les financiers s'intéressent aux médias audiovisuels, cela témoigne du potentiel de ce secteur. Mais il ne faut perdre de vue que la rentabilité des investissements ne sera assurée qu'au bout de plusieurs années. Le Maroc a la possibilité de faire des médias une locomotive de l'économie à condition que les règles du jeu soient claires. La réforme des textes est indispensable mais sans les gardes fous, l'avenir de l'industrie audiovisuelle dans notre pays sera certainement compromis. Tour dépend de la politique que les financiers vont entreprendre dans ce domaine. De toute façon notre retard dans ce domaine, comme dans d'autres, peut être considéré, à certains égards, comme un atout. Nous n'avons rien ou si peu donc tout ce que nous pourrons construire à l'avenir se fera fait en tenant compte des erreurs des autres. Un avantage «paradoxal» du sous-développement.