Dix-sept passagers ont trouvé la mort, mardi matin, après le dérapage d'un autocar sur l'autoroute reliant Casablanca à Rabat. Ce n'est pas la première fois que le tronçon sur lequel s'est produit l'accident se révèle meurtrier. Les responsables sécuritaires ont déjà formulé plusieurs demandes pour refaire la chaussée. Est-ce le mauvais temps, la vitesse ou l'état des routes qui tue ? Les passagers qui se rendaient, à bord d'un autocar mardi matin, de Marrakech à Rabat ne le sauront jamais. Le bus de la compagnie «Express Tassouat» a pris le départ à 3 heures du matin de la ville ocre. Il roulait depuis 4 heures quand il a dérapé à proximité de Aïn Harrouda sur l'autoroute reliant Casablanca à Rabat. Cela s'est produit à 7h 15 mn. Le bus a culbuté avant de se stabiliser sur le toit. Ce capotage, qualifié de «spectaculaire» par un témoin, a provoqué de très lourds dégâts : 17 morts et 30 blessés, dont 10 sont dans un «état très grave», selon une source sécuritaire. «Ils ont été écrasés par le poids du moteur et du châssis», ajoute la même source. Les blessés ont été acheminés vers les hôpitaux Moulay Abdellah à Mohammedia et Ibn Rochd à Casablanca. Les premiers éléments de l'enquête n'indiquent pas d'excès de vitesse. «Le mouchard chronophotographe», qui contrôle la vitesse du véhicule, a révélé que le bus roulait à 80 km à l'heure au moment de l'accident. «L'état des pneus n'est pas non plus à incriminer », ajoute un gendarme. Le conducteur roulait de surcroît à peine depuis 4 heures. Ce qui rend peu probable l'hypothèse d'une fatigue. Certes, la pluie abondante de ce mardi matin rendait la chaussée glissante. Mais est-ce suffisant pour expliquer un accident qui a fait 17 morts? Qui est alors responsable de cet accident, l'un des plus meurtriers au Maroc ? Les responsables sécuritaires pointent du doigt le tronçon de l'autoroute sur lequel s'est produit l'accident. «C'est un point noir où la chaussée devient glissante comme du savon avec la pluie», explique un gendarme. «Le point noir» en question se situe à côté du pont de sidi Ahmed Benichou. De nombreux véhicules ont dérapé à cet endroit. «Nous avons plusieurs fois demandé à la société les autoroutes du Maroc de refaire le goudron, mais en vain», déplore une source sécuritaire. Pourquoi cette entreprise lésine-t-elle à refaire la chaussée à cet endroit précisément, alors qu'elle est particulièrement attentive à l'état des autoroutes ? «Parce que ce tronçon est gratuit !», répond sans hésiter une source sécuritaire, sans doute excédée par le nombre de victimes que cette partie de l'autoroute tue. A rappeler qu'indépendamment de ce tronçon, les routes marocaines sont parmi les plus meurtrières au monde. Les accidents de la route font plus de 3.700 morts et 14.900 «blessés graves» par an, a indiqué le mois dernier le ministère marocain de l'Equipement et du Transport. L'accident de mardi n'est pas malheureusement de nature à renverser cette tendance.