Un univers magique ! C'est là où nous a pris la professeur Zakia Iraqui Sinaceur, appelée Shéhérazade des proverbes, le temps d'une conférence organisée, jeudi 26 janvier, par l'association «Le Féminin Pluriel» à Rabat. Un événement consacré à «la magie du proverbe: poésie, sagesse et thérapie». Cet effet merveilleux produit par ces dictons s'est manifesté à travers la réactivité du public présent qui n'a pas hésité à exprimer, tour à tour, son engouement et ses savoirs en la matière. Mais qu'est-ce qui fait qu'on s'y connaît et s'y intéresse encore? La réponse est à trouver chez Mme Iraqui Sinaceur qui a énuméré une panoplie de fonctions marquant les proverbes. A commencer par les caractères esthétique et poétique de ces paroles. «On ne peut pas rester indifférents à la structure imagée et la musicalité des proverbes», a-t-elle renchéri. En effet, ces brèves phrases sont susceptibles de revêtir un caractère poétique de par l'usage de rimes et de métaphores. Chose qui en facilite la mémorisation, selon notre Shéhérazade. Aussi, les proverbes expriment une sagesse populaire. Une telle valeur permet, à ses yeux, d'influencer le jugement et de créer un impact sur le destinataire. De surcroît, les proverbes sont d'un réconfort moral, psychologique voire thérapeutique contribuant à lutter contre les imprévus du sort et apaiser des situations désagréables à vivre. Ceci étant, ces adages sont loin de faire l'unanimité. «Chaque pays, chaque ville, voire chaque famille a le sentiment de posséder ses propres proverbes», a précisé Mme Iraqui Sinaceur. Et de sa lamenter: «Malheureusement, la disparition de personnes âgées rend l'information sur ces proverbes de plus en plus difficile». D'où l'intérêt de transmettre ce patrimoine de génération en génération. «Des enquêtes ont révélé que la majorité des jeunes scolarisés apprécie la tradition orale et souhaitent qu'elle soit archivée», a avancé notre professeur. Et d'enchaîner : «les proverbes véhiculent des morales. Ils doivent être protégés et perpétués bien que la société moderne risque de les faire disparaître». Dans ce sens, certaines voix parmi le public présent, constitué majoritairement de femmes, se sont élevées en faveur de cette protection. C'est le cas de la sociologue Fatima Mernissi qui a proposé la création d'un site sur la Toile pour constituer une base de données pour les proverbes marocains. Espérons que cette suggestion trouvera de bons échos !