Les efforts des maisons de disques visant à endiguer le piratage leur font également courir le risque de s'aliéner la plus jeune génération de consommateurs. «A new Day has come», le dernier album de Céline Dion, a donné cette semaine à Sony Music une raison à la fois de se réjouir et de s'inquiéter. Si le CD figure en tête des ventes, la technologie intégrée qui vise à empêcher sa copie sur un ordinateur, donc à protéger les droits d'auteur, a franchement déplu aux fans européens de la chanteuse canadienne. La situation dans laquelle se trouve Sony est symptomatique du défi lancé aux labels, qui doivent à la fois créer des tubes et trouver les moyens d'éviter qu'un nombre croissant de fans, férus de technologie, ne les piratent plutôt qu'ils ne les achètent. Mais selon les observateurs du secteur, les efforts des maisons de disques visant à endiguer le piratage leur font également courir le risque de s'aliéner la plus jeune génération de consommateurs, une clientèle pourtant indispensable à la réussite de leurs services en ligne, comme Musicnet et Pressplay. En Allemagne et dans quelques autres pays européens, le dernier opus de Céline Dion est protégé par une technologie empêchant le CD d'être lu sur des ordinateurs. Avec le phénomène des copies, le pire cauchemar du secteur est devenu l'année dernière réalité, les ventes aux Etats-Unis ayant chuté de 10,3% à 968,6 millions d'unités. Lorsque la RIAA (Recording Industry Association Of America) a publié les chiffres du mois de février, elle a indiqué que 23% des consommateurs de musique interrogés avaient déclaré ne pas acheter de musique parce qu'ils téléchargeaient ou copiaient gratuitement les disques. Des millions de personnes ont cessé d'acheter de la musique avec l'émergence de service d'échanges de fichiers en ligne comme napster. L'année dernière, les grands labels dont Aol Time Warning , Sony Corp , Vivendi Universal , Bertesmann et Emi ont lancé Pressplay et Musicnet dans l'espoir de séduire les internautes qui avaient afflué sur napster. Mais avec les tarifs d'abonnement et les contraintes en matière de téléchargement de morceaux et de flux - ou, dans le cas de Pressplay, de gravage des CD - ces services ont du chemin à faire pour conquérir les fans des services gratuits qui ont proliféré dans le sillage de napster.