Après la trilogie autour de Marrakech «L'esplanade des saints & Cie», «A corps perdu» et «L'inavouable» (Prix Grand-Atlas, 2010), Mohamed Loakira livre en plein printemps (ou été) arabe, «Confidences d'automne», un poème-récit de sept chapitres sans titre comme s'il nous mettait sur la voie de ses sept stations spirituelles ou sensuelles du poète et écrivain subversif et transgresseur qui remet en question une écriture conventionnelle bien installée dans les clichés et le verbeux. «Un frisson me traverse. Il secoue les oublis, me rassure que le corps (cru fichu) réagit, que le cœur s'emballe, saigne, revit attentes, noises et joies de retrouvaille… Je déboutonne ma nudité, indécis, m'arrête sur mon doigt surnuméraire qui seul se préserve de la couillonnade», Dans l'œuvre de Loakira la nuit, le silence intérieure, «j'écoute mes ossements, consolide le copinage avec mes maux ( silencieux) mais reste au chaud», contraste avec un monde extérieur rythmé par «cohue, fracas, étals, manigance, tam-tam, klaxon, coups de fouet, cris inhumain. ça monte à hauteur de ma tanière», y lit-on. Au fil des pages, les états d'âme du poète, ses confessions, ses nuits, ses rêves, ses jours, ses aurores, ses espoirs et déceptions s'égrainent «à la merci du déversement du temps à la baisse». Loakira évoque aussi l'effervescence des « années de feu, de sang, des joies des mains s'ouvrant larges» pour contester, afficher ses revendications «verbe à l'impératif sur écran en carton et remettre tout et rien en question». Il souligne l'origine et la nature de cette hargne comparable aux actuels mouvements de contestation : «non caprices de jeunesse, mais certitudes premières» et d'ajouter: «on n'est que trop sérieux quand on a 20 ans» Il dénonce aussi cette caste qui «dévore, pompe solide et liquide (quel appétit), prône vanité, passe-droit, poids, portes closes (après sévère filtrage ) et favorise l'appartenance nominale, les piquets de la tente du cousin, les paons et les poussins, les ton père est mon copain». Il y a aussi le récit fabulé de la naissance, la pré-naissance, l'adolescence, jusqu'à la mort, le paradis ou l'enfer. « L'enfer? Oh! Oui. Quelle destination appréhendée ! Domaine de prédilection des jouisseurs, des idolâtres. Il s'étend sur des lieux intimement logés dans des recoins aussi rocailleux que ténébreux», lit-on dans le septième chapitre.