Après presque six ans d'un procès qui a choqué le Portugal, six hommes et une femme ont été reconnus coupables vendredi par la justice portugaise d'abus sexuels sur des enfants d'une institution de Lisbonne dans les années 90. Les accusés ont été déclarés coupables d'abus sexuels sur mineurs, de viols d'enfants et de gestion d'un réseau pédophile. Les six hommes ont été condamnés à des peines allant de six à 18 ans de prison pour abus sexuels. La femme, dont la maison a été utilisée par le réseau, a échappé à la détention en raison d'une modification de la loi remontant à 2007. Les sept ont la possibilité de faire appel. Le procès, considéré comme le plus long de l'histoire au Portugal, aura vu défiler plus de 800 experts et témoins, dont 32 victimes présumées. L'affaire a ébranlé la confiance dans les institutions portugaises lorsque les premières allégations sont apparues en 2002. Le long procès a aussi alimenté les critiques sur la lenteur du système judiciaire portugais. Les victimes étaient pensionnaires de la Casa Pia, institution publique fondée il y a 230 ans à Lisbonne, qui prend en charge quelque 4.500 enfants nécessiteux. La juge Ana Peres a lu un résumé du verdict, dont la version complète ferait presque 2.000 pages. La Casa Pia «partage en partie la responsabilité» de ces crimes, car elle n'a pas protégé les enfants, a-t-elle déclaré. Un ancien chauffeur de l'institution, Carlos Silvino, 53 ans, a écopé de la peine de prison la plus lourde. Durant le procès, il a reconnu plus de 600 crimes et a mis en cause les autres accusés, dont Carlos Cruz, vedette de la télévision portugaise, et Jorge Ritto, un diplomate de carrière et ancien ambassadeur à l'UNESCO. Parmi les autres accusés figurent un médecin et un ancien responsable de la Casa Pia. Contrairement à Carlos Silvino, les six autres accusés clament leur innocence. Au cours du procès, les victimes, qui ont aujourd'hui entre 16 et 22 ans, ont identifié leurs agresseurs présumés en les désignant du doigt dans la salle d'audience.